Est-ce le signe d'un profond malaise dans l'Education nationale ? Alors que le concours 2011 avait connu de loin le plus faible nombre de candidats comparé aux années récentes, le cru 2012 n'est guère plus encourageant, malgré une importante campagne nationale de recrutement lancée au printemps par le ministère de l'Education nationale.
D'après les chiffres du ministère communiqués vendredi, 18.734 candidats se sont présentés au concours fin septembre, sur 41.510 inscrits, contre 18.136 l'an dernier. A titre de comparaison, il y avait encore 99.401 inscrits et 53.121 présents en 2007.
Le fait que l'on retrouve cette année à peu près le même nombre de candidats présents est d'autant plus surprenant que 5.000 postes étaient ouverts au concours 2012, après 3.000 en 2011. Europe1.fr fait le point sur les possibles causes de ce phénomène.
Un niveau de recrutement plus élevé. En élevant au master, soit bac+5, le niveau requis pour devenir enseignant, la "masterisation" a écarté des élèves peu favorisés pouvant difficilement financer cinq années d'études post-bac, sans vraiment attirer d'autres candidats plus favorisés du fait du salaire qui les attend après un master et un concours.
Des salaires encore trop bas. "Même si le ministre Luc Chatel a augmenté les débutants de 10%, faire bac+5 pour commencer à 1.500 euros par mois ce n'est pas très attrayant, surtout si l'on compare aux salaires de début de carrière des autres pays qui sont bien plus élevés, comme vient de le montrer l'OCDE", disent les syndicats.
Le parcours du combattant des professeurs débutants. La réforme dite "masterisation" s'est traduite par la fin de la formation pratique offerte par les IUFM. "La description de la situation dans laquelle on a mis les enseignants stagiaires cette année n’est pas la meilleur pub pour inciter quelqu’un à embrasser ce métier", alertait déjà en début d'année sur Europe1 Daniel Robin, secrétaire général du Syndicat national des enseignants du second degré. Des masters "en alternance" doivent être expérimentés lors de la rentrée 2012 dans le but est d'améliorer la formation des futurs enseignants.
Pour les syndicats, le risque dans tout cela est de ne plus avoir assez de candidats dans quelques années pour pourvoir tous les postes. On sera alors obligé de faire appel à des vacataires, du personnel non formé et très précaire. Malgré cela, pour les syndicats et parents d'élèves "des solutions existent si l'on veut redresser la barre", comme des pré-recrutements dès la licence, des aides financières accrues aux élèves les plus pauvres, plus de formation pédagogique et des hausses de salaires.