Il est plus habitué à fréquenter les bergeries que les bancs d'école. "Vincent P.", un mouton d'Ouessant et homonyme du ministre de l'Education, a été inscrit très officiellement à l'école Jules Simon de Saint-Nazaire par les parents d'élèves. Ils veulent ainsi protester contre la fermeture d'une classe à un élève près, a indiqué vendredi la Fédération des conseils de parents d'élève de l'école.
"Depuis hier matin, 'Vincent' vient à l'école que nous occupons avec les autres parents d'élèves car l'inspection académique a décidé mercredi de fermer notre 12e classe pour un seul élève manquant", a déploré Pascale Chamouillet, la présidente de la FCPE de l'école, confirmant une information révélée par Ouest-France.
"Compter comme des moutons"
L'animal fait donc désormais vraiment partie de la classe. "Comme nous n'avons que 286 élèves, que l'inspectrice de l'Education nationale est venue mardi compter un par un comme des moutons, 'Vincent' est désormais symboliquement le 287e", a-t-elle ajouté. Pour Pascale Chamouillet, la décision administrative est d'autant plus absurde que, compte tenu des effectifs en maternelle cette année, l'école aura largement plus que le seuil requis l'année prochaine.
"Nous avons rencontré, avec notre mouton, l'inspectrice d'académie de Nantes qui était en visite dans un lycée de Saint-Nazaire. Comme elle n'a plus de moyens, nous avons directement écrit au ministre de l'Education nationale et nous attendons désormais sa réponse", a-t-elle ajouté.
Un courrier à Peillon
"Vincent P." et ses "parents" adoptifs sont désormais installés devant l'école occupée. Une opération d'autant plus délicate que l'établissement n'est pas adapté pour accueillir ce type "d'élève", qui nécessite de la paille et de l'eau.
Dans un courrier adressé au "vrai" ministre de l'Education, Vincent Peillon, les parents disent espérer qu'ils puissent "débloquer une situation injuste et injustifiée". "Vous prônez une meilleure qualité du service public d'éducation, prouvez-le !", lancent-ils de concert.
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Aucune réponse ne leur est parvenue pour l'instant mais la direction de la communication du rectorat de l'Académie de Nantes a indiqué qu'il "y a eu un dialogue de bonne qualité avec les parents de cette école jeudi. Il leur a très clairement été expliqué qu'au mieux, ils obtiendraient "une autre zone, rurale ou banlieue". "Il y a malheureusement d'autres écoles dans des situations pires où on a été obligé de fermer une classe, faute de disposer de suffisamment d'enseignants", précise une source de l'académie de Nantes.
La star de l'école
Si sur le fond du dossier rien n'est réglé, "Vincent P." est en tout cas devenu la coqueluche des enfants. A la sortie vendredi, ils se sont tous précipités pour caresser leur nouveau camarade, venu avec sa mère brebis.
"C'est un agneau de dix mois, mais en âge mouton cela fait six ans, l'âge d'entrée au CP", a expliqué Jocelyne Geoffroy, mère d'élève de cette école et agricultrice, qui a scolarisé cet élève hors du commun.