Du simple au double. Le progrès social serait-il en panne ? Plus d'un salarié sur sept travaillait la nuit (15,4%) en 2012, habituellement ou occasionnellement, soit un total de 3,5 millions de personnes, montre une étude du ministère de l'Emploi (Dares) publiée jeudi. En l'espace d'une vingtaine d'années, le nombre de salariés travaillant la nuit est passé de 2,4 millions de personnes en 1991 à 3,5 millions en 2012, soit un million de salariés en plus. Globalement, en vingt ans, la proportion de salariés travaillant habituellement de nuit a plus que doublé (3,5% en 1991, 7,4% en 2012). Le travail de nuit occasionnel, lui, est devenu un peu moins fréquent (9,5% des salariés en 1991, 8% en 2012), selon l'étude.
Les femmes particulièrement touchées. Dans le détail, l'étude note qu'en 2012, 21,5% des hommes travaillent la nuit contre 9,3% des femmes. Toutefois, le nombre de femmes travaillant la nuit a doublé en vingt ans (500.000 en 1991, un million en 2012), alors que le nombre d'hommes concernés n'augmente que de 25% (1,9 million en 1991, 2,4 millions en 2012).
Les professions qui arrivent en tête. L'armée, la police et les pompiers (72%), des corps à forte présence masculine, comptent le plus grand nombre de travailleurs de nuit avec les conducteurs de véhicule (42%). En revanche, au troisième et quatrième rangs, se trouvent des familles professionnelles où 90% des emplois sont occupés par des femmes (infirmières, aides-soignantes).
Des conditions de travail difficiles. De manière générale, les conditions de travail sont plus difficiles pour les salariés qui travaillent la nuit, selon une enquête 2013 du ministère. Ils exercent souvent plusieurs tâches et sont davantage soumis à de fortes contraintes de rythme de travail. Ces salariés ont plus souvent le sentiment qu'une erreur de leur part pourrait avoir de graves conséquences et sont plus souvent confrontés à des personnes en détresse, à des tensions ou même à des agressions, selon la Dares. Leur travail comporte davantage de facteurs de pénibilité physique et de contraintes de vigilance et ils déclarent plus souvent risquer être blessé ou accidenté, précise l'enquête.
Ce surcroît de difficultés se traduit par un sentiment plus fréquent d'usure professionnelle des travailleurs de nuit, nombreux à penser qu'il ne "tiendront" pas jusqu'à leur retraite (43 % d'entre eux contre 27 % pour l'ensemble des salariés). Toutefois, les travailleurs de nuit semblent pouvoir davantage compter sur le collectif de travail et être mieux formés aux risques.