Une contraception trop chère, méconnue et qui manque de confidentialité. Ce sont là autant de raisons mises en avant par la région Ile-de-France pour justifier le lancement, en partenariat avec l’Education nationale, de son "pass santé contraception", mardi, dans un lycée parisien.
Luc Chatel, ministre de l’Education nationale et Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France, avaient fait le déplacement pour l’occasion. Le "pass" est une sorte de chéquier qui sera donné aux lycéens de seconde. Au total 159.000 élèves sont concernés par ces coupons, permettant d'accéder gratuitement et de façon anonyme à une contraception.
Pas de relation de confiance
Ainsi, à aucun moment les parents ne seront informés des démarches entreprises par leur enfant. Dès aujourd’hui les infirmières vont distribuer le "pass" aux lycéens. Il leur donne droit à une première consultation gratuite auprès d’un généraliste, d’un gynécologue ou d’une sage-femme, puis à une prise de sang et à la délivrance de "tous contraceptifs" pour une durée de trois à six mois. C’est la région qui rembourse cette consultation. Au bout de six mois, les lycéens peuvent retourner consulter, mais ils seront ensuite invités à se tourner vers le Planning familial. Sa secrétaire générale s’est d’ailleurs félicitée, sur Europe 1, du dispositif : "la question de savoir où trouver l’information est primordiale. On voit bien aujourd’hui la difficulté des jeunes à avoir une information de manière simple et sans tabou", a souligné Marie-Pierre Martinet.
Le but est de permettre aux élèves d’avoir un accès personnel et confidentiel à la contraception, a expliqué Luc Chatel à Europe 1 :"l’éducation à la sexualité fait partie des rôles de l’Éducation nationale. Cela ne se fait pas au détriment des parents, ils ont leur rôle à jouer, mais il y a des familles où il n’y a pas ces conseils, pas cette relation de confiance. L’éducation Nationale doit alors prendre le relais". Donner aux jeunes une information aux jeunes qui ne pourraient pas en avoir en famille est aussi une urgence pour Marie-Pierre Martinet :"il vaut mieux qu’un jeune qui ne peut pas en parler avec ses parents puisse avoir accès à une information et se protéger. Ce jeune prend ses responsabilités sur la contraception qu’il veut", a-t-elle estimé au micro d’Europe 1.
Inspiré du "pass" de Poitou-Charentes
L’idée n’est pas tout à fait nouvelle. Elle avait été lancée en Poitou-Charentes par Ségolène Royal qui avait mis en place en 2009 un dispositif similaire (tickets et bons d'échanges) pour délivrer la pilule aux mineures. Mais elle s’était heurtée à l'opposition du ministre et au refus de l'académie d'autoriser les proviseurs de lycées de distribuer le "pass". Jean-Paul Huchon a d’ailleurs rendu "hommage" mardi à son homologue de Poitou-Charentes.
Mais l’Etat ne partage pas l’idée que le dispositif ait été inspiré de celui mis en place par Ségolène Royal. Ainsi, Luc Chatel a expliqué au micro d’Europe 1 « qu’il a trois grandes différences » entre les deux pass : "D’abord c’est une initiative concertée avec la région, ça fait un an et demi que nos services travaillent ensemble (…). Deuxièmement, il y a une réponse éducative en matière d’éducation a la sexualité, à la santé. Troisièmement il y a une réponse plus diversifiée, on répond aux garçons comme aux filles, aux mineurs comme aux majeurs, et on répond par tous les modes de contraception en apportant un accompagnement personnel", a avancé le ministre. Une façon de veiller à se démarquer d’une mesure de "gauche" déjà voulue par la candidate socialiste en 2007.