Six personnes comparaissent jusqu’au 27 mai devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour avoir tenté de spolier Jeanine Terrasson, une octogénaire fortunée atteinte de la maladie d’Alzheimer et placée sous curatelle renforcée.
Des prévenus bien sous tous rapports
Les prévenus sont soupçonnés d’abus de faiblesse, d’association de malfaiteurs et d’abus de confiance aggravé par la particulière vulnérabilité de la victime. Des chefs d’accusation passibles d'un maximum de dix ans de prison.
Parmi les accusés, quatre notables bordelais, dont trois proches du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé. François-Xavier Bordeaux, 62 ans, ancien banquier, ex-chef de l'opposition socialiste sous Jacques Chaban-Delmas mais devenu proche de son successeur Alain Juppé. Jean-François Lhérété, aujourd'hui 58 ans, le directeur des Affaires culturelles de la Ville de Bordeaux, ancien haut cadre de banque, a également été incarcéré. Martine Moulin-Boudard, adjointe au maire chargée du patrimoine, et surtout avocate de Jeanine Terrasson, a été mise en examen pour "violation du secret professionnel". Egalement sur le banc des accusés, Nicole Dumont, une voyante dont Jeanine Terrasson avait fait sa légataire universelle.
C'est pour avoir emporté des biens de la vieille dame et pour avoir retiré de l'argent sur ses comptes en Suisse que tous sont aujourd'hui poursuivis, bien que ces derniers répètent qu'ils ont agi en faveur de Jeanine Terrasson.
Les avocats de la défense contre-attaquent
C’est sur une bataille de procédure qu’a débuté le procès lundi matin. Les avocats des prévenus ont en effet soulevé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). Ils s’appuient sur le fait qu’une audition de Jeanine Terrasson datant de 2006 n’avait pas été versée au dossier. Une pièce du dossier jugée fondamentale par la défense. Une autre QPC a été soulevée par la défense pour « manque de loyauté du ministère public », qui lui reproche d’avoir dissimulé des éléments d’enquête.
Le procureur adjoint a demandé au tribunal de ne pas donner suite à ces deux demandes, qu’il juge « non applicable à la procédure suivie » pour la première, et « pas sérieuse » pour la seconde. Afin d’examiner ces deux requêtes, la présidente du tribunal, Marie-Elisabeth Bancal, a suspendu l’audience jusqu’à mardi matin. Le tribunal a plusieurs possibilités : ne pas retenir les demandes, les retenir et les joindre au fond en poursuivant le procès ou ajourner les débats dans l'attente d'une réponse de la cour de cassation.