L'INFO. Un Ivoirien de 25 ans, vivant à Cavaillon, dans le Vaucluse, est poursuivi vendredi devant le tribunal correctionnel d'Avignon pour traite d'être humain, violences et aide au séjour irrégulier. Il est accusé d'avoir "acheté" pour moins de 5.000 euros une "bonne à tout faire" de 14 ans en Côte d'Ivoire puis de l'avoir exploitée.
Le témoignage édifiant d'une jeune Ivoirienne. Le 13 février dernier, une jeune Africaine se présente au commissariat de Cavaillon. Elle est âgée de 14 ans et se prénomme Charlotte*. Le récit qu'elle livre aux policiers est saisissant. La jeune fille explique avoir été achetée à sa famille en Côte d'Ivoire pour 4.500 euros par le mis en cause. Par le biais de passeurs, elle transite clandestinement par le Maroc, direction l'Espagne et Barcelone où elle atterrit courant mai 2012. Selon les informations recueillies par Europe1.fr, c'est là, dans la capitale catalane, qu'il vient récupérer l'adolescente en septembre dernier afin de la ramener en France.
Depuis lors, Charlotte devait s'acquitter des tâches ménagères dans l'appartement que son "propriétaire" partage avec sa compagne, une Française, et situé en plein centre-ville de Cavaillon. L'adolescente se voit également confier la garde des deux enfants, âgés de 4 ans et 1 mois. Selon le procureur d'Avignon, joint par Europe1.fr à l'époque des faits, Charlotte n'était pas recluse. Mais les coups de ceinturons pleuvaient quand son "maître" le décidait. Et ce serait justement une de ces séances de sévices qui aurait motivé la décision de la jeune Ivoirienne de se rendre à la police : "peu avant, elle avait été battue assez violemment sur tout le corps avec une ceinture", précisait alors le procureur.
Le procès de l'esclavage moderne. Le procès de ce "tortionnaire" présumé doit donc se tenir vendredi à Avignon. L'association Esclavage Tolérance Zéro, qui dénonce depuis plusieurs années ce genre d'affaire, s'est portée partie civile.
"C'est de l'esclavage moderne", assure au micro d'Europe 1 la directrice de l'association, Nagham Wahabi."Elle était régulièrement frappée, réprimandée et rabaissée. Donc petit à petit elle devient vraiment 'objet' de cette famille, voire un déchet qui n'est plus du tout considéré comme un être humain", précise-t-elle.
*Le prénom a été modifié