"Je ne veux pas que ma ville devienne le nouveau Chicago". Voilà comment le maire de Montpellier a déploré la rixe sur fond de trafic de stupéfiants qui a fait deux morts samedi dans un quartier populaire de la ville. Plus à l'ouest, Toulouse est secouée depuis quelques mois par une série de règlement de comptes là-aussi dans le milieu du trafic. Ces violences dans le sud de la France, avec Marseille comme triste étendard, sont elles un problème spécifique à cette zone géographique ? L'avis de Jérôme Pierrat, journaliste spécialiste du grand banditisme.
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Le sud de la France est-il plus violent que le reste du pays ? "Pour moi, c'est une triste coïncidence. D'autre part le nord de la France n'est pas épargné", élude rapidement Jérôme Pierrat. "C'est assez symptomatique puisque vous avez cité (dans votre question) toutes les villes du sud et pas Saint-Denis (en région parisienne) notamment, où il y a eu un mort il y a quelques semaines à peu près de la même manière : un règlement de comptes à l'arme automatique".
Pour le spécialiste, cette impression de concentration dans le sud, tient au fait que ces violences sont "plus diluées" en région parisienne. Et notamment dans le traitement médiatique : on parle "de faits divers en région parisienne et de guerre des gangs dans le sud", estime-t-il. "Malheureusement non, le phénomène est assez national", constate Jérôme Pierrat.
"Le nord de la France n'est pas épargné par les...par Europe1fr"Ce n'est pas un fantasme : tous ces règlements de comptes à Marseille sont une réalité. Mais il y a un prisme 'Marseille, la ville des gangs' qui fait que (le terme) 'Chicago' est employé pour Marseille et pas pour la Seine-Saint-Denis", poursuit-il.
Les règlements de comptes ne sont pas une spécialité Marseillaise ? "Les Kalachnikov sortent à Marseille pour des règlements de comptes entre voyous… comme à peu près partout", assure Jérôme Pierrat. "Effectivement, il y a une concentration car Marseille est une grande ville qui administrativement est équivalente à une zone allant d'Orly à Roissy, pour se faire une idée. Cela recouvre une très grosse agglomération", avance-t-il. "
"Cinq morts à Saint-Denis et 15 à Marseille"par Europe1fr"Sur les statistiques pour Marseille, on englobe les banlieues, c'est comme si on comptait Paris et la petite couronne. Et dans ce cas là, les statistiques ne sont pas très éloignées", assure le journaliste. Jérôme Pierrat présente ainsi le triste bilan d'une ville de Seine-Saint-Denis : "pour la seule ville de Saint-Denis, on compte 5 morts depuis le mois de janvier. On en compte 15 pour Marseille et sa région. Faites le calcul, ce n'est pas si disparate que cela".
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Montpellier et Toulouse, autres spécificités ? Les récents événements dans ces deux villes méridionales sont indissociables du trafic de stupéfiants qui y règne, pour le journaliste."Il y a des villes qui sont des plaques tournantes pour le trafic de stups. Par exemple la drogue, comme le haschisch marocain qui remonte massivement d'Espagne, s'arrête notamment à Montpellier qui est une grosse plaque tournante. La ville permet de desservir Marseille, Lyon et de remonter sur Paris", explique le spécialiste.
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"Ce sont donc des zones où il y a de gros trafics. C'est une activité commerciale qui est non régulée, totalement clandestine. Qui dit gros trafic dit armes automatiques pour le réguler", concède Jérôme Pierrat. "Il y a beaucoup d'argent et de transactions : les comptes ne se règlent qu'à l'arme automatique".
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