Des salariés ont manifesté devant le QG de Nicolas Sarkozy. CFDT, CGT et FO n'iront pas à l'Elysée.
De brèves échauffourées ont opposé jeudi à la mi-journée quelque 200 métallurgistes de l'aciérie ArcelorMittal de Florange aux forces de l'ordre, devant le QG de Nicolas Sarkozy. Conséquence de cette manifestation tendue : les métallos ont décidé de boycotter la rencontre proposée lundi à l'Elysée.
Venus pour défendre l'avenir de leur usine, les salariés de Florange, où deux hauts fourneaux sont à l'arrêt depuis plusieurs mois, sont arrivés à midi dans le XVe arrondissement, à proximité du QG de campagne, où un important dispositif policier avait été déployé. Nicolas Sarkozy n'était pas présent à son QG.
"La France forte, c'est envoyer les CRS ?"
Partis vers 7 heures de Lorraine, quatre autocars affrétés par une intersyndicale CFDT-CGT-FO avaient été escortés par les CRS depuis le péage autoroutier de Marne-la-Vallée. Puis, lors de brèves échauffourées, les métallos ont été aspergés de gaz lacrymogène par la gendarmerie mobile et refoulés vers le pont Mirabeau.
Les manifestants ont alors exprimé leur déception de ne pas pouvoir accéder au QG de Nicolas Sarkozy. "On a fait quand même presque 500 kilomètres pour venir le voir et l'interpeller", regrette Christian au micro d'Europe 1. "Est-ce que la France forte, c'est envoyer les CRS et les policiers ?", s'est interrogé ce salarié d'ArcelorMittal, en référence au slogan de campagne du candidat sortant.
Un syndicaliste exprime sa colère sur BFM TV :
"Le candidat du peuple accueille le peuple avec des CRS", a regretté à sa descente de bus le responsable de la CFDT, Edouard Martin, qui a reçu plusieurs jets de gaz lacrymogène. "Nous ne sommes pas venus dans un esprit d'affrontement mais dans un esprit de dialogue, faire de la pédagogie sur la situation de notre usine", a-t-il ajouté.
Revêtus de la tenue argentée de la "coulée" et au milieu de feux de bengale et de pétard, les "métallos" ont demandé en vain à être reçus par un membre de l'équipe de campagne. Ils ont ensuite quitté le XVe arrondissement et pris la direction de la tour Eiffel au pied de laquelle ils ont déployé une banderole géante proclamant "oui à l'acier lorrain".
Une manoeuvre politique, pour Sarkozy
De son côté, Nicolas Sarkozy avait quitté son QG vers 11h30 pour un déplacement dans la Marne. Le chef de l'Etat a toutefois invité les ouvriers d'ArcelorMittal pour une rencontre à l'Elysée lundi prochain."On ne m'avait pas dit que les salariés viendraient aujourd'hui. Je l'ai appris par la presse", a expliqué Nicolas Sarkozy.
Commentant les incidents survenus devant son QG de campagne, il a accusé dans l'après-midi la CGT de vouloir jouer "un rôle politique" et a dénoncé une "petite manoeuvre". "Les gaz lacrymogènes, ce n'est jamais bien, mais je ne suis pas décidé à laisser casser qui que ce soit. Dans la République, on se comporte comme des républicains", a-t-il assuré. "Vous avez le coeur du problème français. Les syndicalistes devraient défendre les intérêts de salariés, pas faire de la politique. En agissant ainsi, ils font de la politique", a accusé le président-candidat.
La CFDT, la CGT et FO n'iront pas à l'Elysée lundi
Mécontents de l'accueil qu'ils ont reçu, les représentants de la CFDT, de la CGT et de FO ont d'ores et déjà annoncé qu'ils refusaient de se rendre à l'Elysée. En revanche la CFE-CGC, qui est sortie de l'intersyndicale la semaine dernière, a indiqué dans un communiqué qu'elle répondrait positivement à l'invitation du président.