L'INFO. Le tableau est bien sombre. D'après "Fractures françaises", la deuxième vague d'une enquête annuelle menée par Ipsos* pour Le Monde, France Inter, la Fondation Jean Jaurès et le Cevipof, "défiance et pessimisme tiennent le haut du pavé" en France, un pays "persuadé de son déclin" et "tenté par le rejet des autres". Brice Teinturier, délégué général d'Ipsos, voit dans cette enquête le tableau "d'une France qui s'enfonce de plus en plus dans l'angoisse et le pessimisme, mais aussi qui se fragmente".
Le chômage, première préoccupation. Le chômage est le sujet qui préoccupe le plus les personnes interrogées (56%), suivi par les impôts et les taxes, pour lesquels la préoccupation a fortement augmenté par rapport à 2013, puis le pouvoir d'achat. En 2014, seuls 15% des sondés estiment que la France n'est pas en déclin. Mais ils sont tout de même 65% à juger que ce déclin "n'est pas irréversible".
Les institutions mal vues. Seules les PME trouvent grâce aux yeux des sondés, qui sont 84% à leur faire confiance, suivies par l'armée et la police, l'école et les maires. En revanche, le Parlement, les médias et les partis politiques arrivent tout en bas du classement. A en croire les personnes interrogés, il y a peu de raisons d'espérer quoi que ce soit de la vie politique : pour 78% d'entre eux, "le système démocratique fonctionne plutôt mal en France". Ils sont aussi 65% à penser que "la plupart des hommes et des femmes politiques sont corrompus". Dans un tel contexte, l'étranger n'est pas le bienvenu et les personnes interrogées préfèrent, à 78%, se retrancher dans les "valeurs du passé". Pour 66% des sondés, il y a "trop" d'étrangers en France. Et l'islam a toujours mauvaise presse, puisque seuls 37% des sondés jugent cette religion "compatible avec les valeurs de la société française", contre 26% en 2013.
La perception du FN. L'enquête d'Ipsos se penche aussi sur la perception du Front national.. Pour un Français sur deux (51%), ce parti est "dangereux pour la démocratie". Il est "utile" pour 47% des sondés et "incarne une alternative politique crédible au niveau national" pour environ un tiers des personnes interrogées.
* Enquête réalisée du 8 au 14 janvier par Internet auprès d'un échantillon de 1.005 personnes.
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