Les Français mangent moins cher

Il est plus "facile" de tailler dans son budget alimentaire que dans son loyer ou ses factures...
Il est plus "facile" de tailler dans son budget alimentaire que dans son loyer ou ses factures... © MAXPPP
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avec Pascal Berthelot , modifié à
- Face à la hausse des prix, les Français adaptent leurs habitudes alimentaires.

L’inflation repart à la hausse en France. D'après les chiffres publiés mercredi, les prix, confrontés à la flambée des matières premières au niveau mondial, ont augmenté de 2% en un an. Du jamais vu depuis 2008.

Selon les informations d’Europe 1, cette hausse des prix a déjà des conséquences dans le panier de la ménagère. Depuis le début de l'année, les Français ont effectivement modifié leurs habitudes alimentaires.

"On cherche les viandes les moins chères"

Ainsi, depuis trois mois, la consommation de viande de boeuf est en nette diminution, de 7%. "Dans ces périodes d’inflation sur l’alimentation, les consommateurs vont essayer de trouver une façon de ne pas dépenser plus. Ils vont aller sur des produits qui, au prix au kilo, sont moins chers pour le même apport nutritionnel. Dans le cas de la viande on va avoir ce type de phénomène : on va prendre des viandes blanches qui vont être moins chères au kilo que les viandes de bœuf", explique au micro d'Europe 1, Pascale Hebel, directrice du département consommation au CREDOC.

 

"On cherche les viandes les moins chères, qui ne sont peut-être pas de très bonne qualité", témoigne d'ailleurs Rose-Hélène, interrogée par Europe 1 dans un supermarché dans la banlieue parisienne. "Je peux prendre de l’entrecôte quand j’ai vraiment envie de manger de la bonne viande. Autrement, on cherche du ragoût, de la viande pas chère. Et en promotion".

Pourtant, la tendance générale est à la baisse aussi sur le porc et le poulet, même s'ils sont moins chers, montrent les chiffres officiels du ministère de l'agriculture. Ces baisses trouvent leur origine dans la hausse des prix de la viande en rayon, qui ont bondi en moyenne de 6% depuis le début de l'année.

L'alimentation, une "variable d'ajustement"

Les fruits et légumes ne sont pas épargnés par ce nouveau comportement des consommateurs face à l'inflation. Depuis le début de l'année, leurs ventes ont baissé de 4%. "Avant, on avait des gens qui prenaient par exemple une livre de pommes ou de bananes. Maintenant, les gens vont prendre plutôt une banane, une pomme, une orange, à l’unité", témoigne Hasan, épicier à Paris. "Les consommateurs auront tendance à s'orienter vers des légumes en conserve par exemple", note Pascale Hebel.

A priori, ce nouveau comportement est donc paradoxal, d’autant que l'alimentation représente seulement 14% du budget des ménages en moyenne. Mais il est beaucoup plus facile de tailler dans la nourriture, plutôt que de réduire son loyer ou ses dépenses de carburant. C'est ce que confirme Pascale Hebel : "l’alimentation est vraiment devenue une variable d’ajustement notamment pour le générations les plus jeunes qui ont des contraintes économiques importantes notamment avec le logement. On va faire passer d‘autres dépenses avant, même de loisirs et en fin de mois, on essaye de manger autrement. Il va sans doute avoir des augmentations de consommation de pâtes de riz, qui permettent de manger moins cher", prédit-elle.

Et l'inflation des prix de l'alimentation pourrait durer : en période de hausse des prix de l'énergie, comme c'est actuellement le cas, notamment pour le pétrole, l'industrie alimentaire, très dépendante de l'énergie, a tendance à reporter la hausse sur ses prix de vente.