Inévitablement, quand ils ont pénétré dans le tribunal de Boulogne-sur-Mer, les époux Lavier ont eu une pensée pour l’affaire d’Outreau. Car c’est au sein de cette juridiction qu’ils avaient été mis en examen en 2001 par le juge Burgaud, avant d’être innocentés en juillet 2004 après trois ans de détention provisoire. Cette fois, ils doivent répondre de "violences habituelles sur mineurs" et "corruption de mineurs", pour des actes de maltraitance sur leurs enfants, aujourd’hui âgés de 11 et 12 ans. Mais le procès a finalement été reporté pour l’étude d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC).
"Notre passé fait effet boomerang"
Franck et Sandrine Lavier ont malgré tout dû faire face à un mur de photographes et de caméras, à leur entrée comme à leur sortie du tribunal. Elle arborait un visage fermé, dur. Lui, en revanche, paraissait plus détaché. Voire fataliste, quand il a appris qu’il ne s’expliquerait pas dès jeudi sur l’affaire. "Le report du procès, ça permet d’avoir un procès équitable. Mais ça a aussi des répercussions sur nous. La situation des enfants reste telle quelle. Et nous, on reste aussi tel quel."
L’affaire d’Outreau a surgi dans les propos du père de famille. "Malheureusement, on a le reflet de notre affaire précédente, (...) qui n'arrange pas les choses", a affirmé Franck Lavier. "C'est notre passé qui fait effet boomerang, qui revient, voilà", a-t-il ajouté.
"Les enfants veulent revenir"
A l'audience, l'avocat de son épouse, Me Philippe Lescène, a également fait un parallèle avec l'affaire d'Outreau, estimant que les "leçons" n'en avaient pas été retenues. Il a dénoncé un "harcèlement judiciaire", accusant le procureur de vouloir infliger aux prévenus une procédure "totalement inéquitable". L’avocat et son confrère Frank Berton ont alors déposé la fameuse QPC qui allait aboutir au report du procès.
A la sortie de l’audience, Sandrine Lavier a euune pensée pour ses enfants. "Ils veulent revenir", a-t-elle assuré. "Du moins, ils m’ont écrit comme quoi ils voulaient revenir, mais qu’ils ne savaient pas comment faire."
Le son de cloche est différent pour Me Chopard, l’avocate des deux jeunes victimes présumées, qui vivent désormais à Calais dans des familles d’accueil. "Nous savons très bien que les enfants passent une journée pas possible, que cette nuit ils n’ont pas dû dormir du tout, parce qu’ils sont vraiment dans cette frayeur de l’issue de ce procès. Ils voulaient vraiment fuir une maison absolument malsaine pour eux."
Le prochain rendez-vous pour les époux Lavier devant la justice a été fixé au 26 janvier pour la reprise de leur procès.