L'étude. L'aspirine ou le paracétamol nuiraient-ils à la fertilité des hommes, à l'instar du Bisphénols A et des Phtalates ? Des chercheurs rennais de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) affirment en tout cas avoir la preuve que les antalgiques pris à très forte dose inhiberaient la production de testostérone chez l’adulte, dans une étude publiée le 3 juin dernier par l'Inserm. Un constat qui avait déjà été observé sur des rats, mais jamais chez l'homme.
Comment en sont-ils arrivés à cette conclusion ? Les chercheurs ont cultivé in vitro (non directement sur l'homme, dans un tube) des échantillons de tissus testiculaires avec du paracétamol, de l'aspirine et un autre anti-inflammatoire appelée indométacine, à des doses équivalentes aux limites maximales conseillées. Après 24 heures, ils se sont rendu compte que chacun de ces trois antalgiques perturbaient "la production d’hormones stéroïdiennes et d’autres facteurs nécessaires à la masculinisation et la fertilité", avait détaillé en mai Bernard Jégou, responsable de l'étude, dans la revue Human Reproduction. La découverte risque de faire du bruit : en 2011, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé avait indiqué que le paracétamol était le médicament le plus vendu en France, et l'aspirine le 27e… sur 3.000.
Quel type de consommateur est concerné ? "Il n'y a aucune raison de s'inquiéter si l'on prend occasionnellement des antalgiques et qu'on respecte les doses maximales autorisées", précise toutefois le chercheur.Selon le site Pourquoi-docteur.com, les effets délétères n'auraient été observés qu'à partir d'une dose de quatre grammes d'anti-douleurs par jour, soit la dose maximale autorisée. Le risque est, en revanche, très important pour les sportifs de haut niveau par exemple. D'autant que cela nuirait également aux performances sportives. "Certains athlètes en usent et en abusent, notamment à des fins préventives. Outre les risques potentiels sur la fertilité ou sur la santé en général, ces produits qui provoquent une baisse de production de testostérone pourraient donc être contre-productifs en termes de performance", prévient le chercheur.
Une féminisation des nouveau-nés ? En 2010, Bernard Jégou, alors directeur de l’Institut de Recherche, Santé, Environnement et Travail (Irset) à l’Inserm, à Rennes, avait déjà alerté sur ce risque. Les chercheurs avaient ensuite réalisé quatre études sur des rats, qui avaient confirmé le caractère perturbateur endocrinien des antalgiques. "Nos travaux chez le rat montrent une baisse de la production de testostérone ou encore une féminisation des rats nouveaux-nés masculins", avait expliqué Bernard Jégou. Une étude similaire avait aussi été réalisée, également sur des rats, au Danemark, pays très consommateur d'anti douleurs. Elle était parvenue à la même conclusion.