Jacques Servier a dû s’expliquer mercredi pendant près de trois heures. Le président du laboratoire éponyme, qui a conçu le Mediator à l’origine de 500 à 2.000 décès, a été auditionné à huis clos par la mission d’information de l’Assemblée nationale.
Devant les députés, il s’est contenté de lire un texte, dans lequel il a estimé que l’affaire du Mediator constituait "une préoccupation majeure". Et d’assurer que les laboratoires "assumeront leur responsabilité" à l'égard des patients et "apporteront tous les éléments pour faire la lumière sur cette affaire".
38 décès reconnus
"Les laboratoires Servier ont été transparents vis à vis des autorités" et "ont agi de manière responsable pendant toute la vie du produit", s’est-il aussi défendu. Concernant l'indemnisation des patients, il a confirmé que le groupe "ferait une première dotation de 20 millions d'euros".
A sa sortie, c’est Lucy Vincent, la directrice de la communication du laboratoire, qui a parlé pour lui. Elle a évité toute question sur le nombre de morts. Tout juste a-t-elle reconnu qu'il y avait "dans leur base de données" 38 décès de gens qui avaient pris du Mediator, affirmant cependant qu'on ne pouvait établir un lien de cause à effet. "C'est un drame pour un laboratoire de se trouver dans une situation pareille. Tout le personnel est très affecté", a-t-elle ajouté, tout en réaffirmant que son groupe contestait le rapport de l'Inspection générale des Affaires sociales", qui fait, selon elle, état "de données partielles et incomplètes".
"C’est du cinéma !"
Des explications loin de convaincre les députés. "Il sait tout lui, tous les autres sont des abrutis !", a lancé le député communiste Maxime Gremetz, à l’adresse de Jacques Servier. "Les 500 morts ou les 2.000 morts, ils n’existent pas ! Comment voulez-vous discuter avec des gens comme ça ? C’est du cinéma !", s’est-il encore agacé. "On n'a pas progressé sur le plan de la vérité", a pour sa part résumé le député socialiste Jean-Marie Le Guen.
Et l’argumentaire était bien défini. "Il y a de façon évidente une préparation de leur défense judiciaire et ce que l’on a entendu ici, c’est un rodage des arguments pour la justice", a assuré le député PS Jean-Louis Touraine au micro d’Europe 1.
Compte-tenu de l’intransigeance de Servier, les députés redoutent une très longue marche judiciaire, qui pourrait être difficile à vivre pour les victimes.