Les prisonniers sont-ils des salariés comme les autres ? Une détenue attaque aux prud'hommes son ancien employeur, une société de télé-opérateurs, pour qui elle travaillait derrière les barreaux. Elle conteste son licenciement et demande à ce que le droit du travail s'applique. Elle réclame donc 19.000 euros à son ancien employeur. Un bureau de conciliation s'est tenu mardi matin devant le conseil de prud'hommes de Paris. L'affaire a été renvoyée pour un jugement au 12 septembre.
Dix mois de travail en prison
Pendant dix mois, d'août 2010 à avril 2011, alors qu'elle était en détention provisoire à la maison d'arrêt de Versailles, Marylin a travaillé comme télé-opératrice. Casque sur la tête, elle passait des coups de fil pour le compte de services après-vente de différentes sociétés.
Mais au mois d'avril, elle passe le coup de téléphone de trop : elle appelle sa soeur. La sanction est immédiate : Marylin ne peut plus travailler au centre d'appels. Pour son avocat, il s'agit d'un véritable licenciement. Or normalement, le droit du travail ne s’applique pas en prison. Les prisonniers qui travaillent sont considérés comme étant employés par l'Etat.
"C'est de l'exploitation"
Mais Me Arakelian l'assure, même derrière les barreaux, Marylin avait tout d'une salariée. Les ordres et les objectifs étaient donnés par une entreprise privée et non par l'administration pénitentiaire. Seule la paie était versée par la prison. "Le détenu salarié travaille presque comme un salarié mais il a une rémunération qui n'est pas du tout celle d'un salarié. Travailler 60 heures dans le mois pour toucher un salaire de 130 euros, c'est une exploitation. Qu'on ne vienne pas me parler de réinsertion sociale", dénonce l'avocat de Marylin sur Europe 1.
Le droit du travail ne s'applique pas en prison, les détenus signant depuis 2009 un "contrat d'engagement" avec l'Administration pénitentiaire.