Ils vivent en moyenne 17 ans de moins que le reste de la population, et 7 ans de moins que l’ensemble des ouvriers français, selon un rapport de l’Inserm et de la Ville de Paris paru en 2010. Exposés à des conditions de travail très difficiles, les égoutiers ont défilé mardi à Paris, à l’appel de la CGT, avec un mot d’ordre : obtenir le droit à la retraite à 50 ans.
"C'est un mouvement national qui porte sur la pénibilité", explique Frédéric Aubisse, secrétaire adjoint CGT des égoutiers de Paris. "On voudrait revenir au départ à la retraite à 50 ans et non plus 52 ans comme c'est le cas depuis la réforme Fillon", précise-t-il au micro d'Europe 1.
Des conditions de travail très pénibles
Dans la capitale, la ville de Paris emploie 254 égoutiers. Chargés de l’entretien des canalisations, ils sont confrontés aux rats, aux odeurs pestilentielles, aux nitrates ou aux solvants. Ils opèrent dans un milieu confiné avec un taux d'humidité de 80% et une température élevée.
Pour le biologiste Claude Danglot, il a été démontré "de façon très claire" que la faible espérance de vie des égoutiers est liée à leur environnement de travail. "Pendant qu’on fait des rapports, il y a des gens qui meurent", s’alarmait-il dans un article publié dans L’Humanité en novembre dernier. En 10 ans, la mortalité des égoutiers a augmenté de 56%.
Les risques de maladies transmises par les rats
En 2004, le docteur Danglot a déjà pointé des risques importants pour les égoutiers de contamination par le virus de l’hépatite E, présent dans les matières fécales des rats. Chez l’homme, cette maladie peut entraîner un cancer du foie.
A l’époque, l’Institut national pour la recherche et la sécurité avait considéré pour sa part que l’alcool et la cigarette pouvaient aussi être considérés comme la cause du nombre élevé de ce type de cancer chez les égoutiers, comme le rappelle le site Rue 89.
Les dangers liés aux émanations de gaz toxiques
Un autre danger qui guette les égoutiers est le sulfure d'hydrogène, un gaz extrêmement nocif, provenant des matières en état de décomposition. En 2006, la dangerosité de ce gaz avait été illustrée par un fait divers dramatique. Trois égoutiers de Poissy avaient succombé après avoir inhalé du sulfure d’hydrogène.
Pour se protéger, les égoutiers sont désormais munis de capteurs chargés de détecter la présence de ce gaz. Ils doivent stopper le travail quand le seuil d’alerte est atteint, à 5 particules par millions (ppm). De plus, un système de ventilation des bouches d’égout a également été instauré pour limiter les risques.
Malgré cela, les égoutiers sont, plus que les autres catégories de la population, particulièrement touchés par les cancers qui apparaissent généralement à la fin de leur carrière. Les plus fréquents sont les cancers de l’œsophage, du foie et de l’oropharynx. Ils sont également, plus que le reste de la population, sujets aux diarrhées, nausées ou gastrites. D’où le combat qu’ils mènent pour obtenir une meilleure protection face aux risques encourus.