C'est un "nouvel outil" qui va mettre le feu aux poudres. Le ministère de l'Education va mettre en place dès novembre une évaluation des enfants "à risque" à partir de cinq ans en fonction de leur comportement et capacité d'apprentissage, selon un document révélé mercredi par Le Monde. Le projet va prochainement être soumis aux inspecteurs d'académie.
Intitulé "Aide à l'évaluation des acquis en fin d'école maternelle", il est un "outil de repérage des élèves présentant des risques pour les apprentissages à l'usage des enseignants (en) grande section de maternelle".
"C'est un outil supplémentaire, conçu avec des chercheurs, à la disposition des enseignants de grande section de maternelle qui ne sera pas obligatoire", a réagi Jean-Michel Blanquer, directeur général de l'enseignement scolaire (Dgesco).
"La première des inégalités, c'est l'inégalité devant le vocabulaire. Il faut donc prendre des mesures assez volontaristes pour détecter les problèmes et apporter une remédiation à ces problèmes quand ils sont constatés", a-t-il ajouté.
Une évaluation en trois phases
L'évaluation se déroulera en trois phases : une première de "repérage" entre novembre et décembre sur "le comportement à l'école, le langage, la motricité et la conscience phonologique" des élèves. En fonction des résultats, les enseignants devront classer les élèves dans trois catégories: "RAS" (rien à signaler), "risque" et "haut risque".
La deuxième phase consistera en "un entraînement progressif conduit par les enseignants avec les enfants repérés 'à risque' lors de la première phase". La troisième phase, qui se déroulera entre mai et juin, permettra de faire le point lors de "trois séries d'épreuves collectives ou en petit groupe (...) et deux séries d'épreuves individuelles".
Les syndicats réclament son retrait
Le projet a fait hurler les syndicats d'enseignants et les parents d'élèves qui réclament son retrait. "Nous appelons le ministre (Luc Chatel) à revenir à la raison. La maternelle n'est pas un lieu de compétition, de tri et de sélection", a dit Sébastien Sihr, du SNUipp-FSU, principale syndicat du primaire. "On marche sur la tête avec une 'évaluationnite' qui prend de plus en plus de temps au détriment des apprentissages qui nécessitent de la progressivité, de la professionnalité", a-t-il ajouté.
Le Sgen-CFDT, dans un communiqué, vilipende un projet "absurde, contre-productif, et pour tout dire un peu effrayant". Pour la FCPE, première fédération de parents d'élèves, "on colle une étiquette extrêmement anxiogène sur des enfants".