Les grandes écoles se rebiffent. Dans un texte rédigé par l'instance qui les représente, la Conférence des grandes écoles (CGE), diffusé le 23 décembre et dont Le Mondese fait écho dans son édition datée mardi, les grandes écoles font savoir qu'elles "désapprouvent la notion de "quotas" et réaffirment que les niveaux des concours doivent être les mêmes pour tous". Une déclaration commune qui intervient alors que la ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse a fixé en novembre un objectif de 30% de boursiers dans les grandes écoles.
La crainte de ces grandes écoles ? Une baisse du niveau moyen. "Tout en reconnaissant que des soutiens individualisés doivent être apportés aux candidats issus de milieux défavorisés pour les aider à réussir des épreuves qui peuvent leur sembler plus difficiles parce que leur contexte familial ne les y a pas préparé", la Conférence des grandes écoles ajoute que "toute autre politique amènerait inévitablement la baisse du niveau moyen".
Une position qui fait bondir Richard Descoings : dans un entretien au Monde daté de mardi, le patron de Sciences Po Paris qualifie cette réaction d'"antisociale". "Le lobby des grandes écoles (...) attaque le gouvernement parce qu'il voudrait porter à 30 % le nombre des boursiers dans chaque grande école. L'intelligence, la curiosité intellectuelle, la capacité de travail seraient donc l'apanage des riches... puisque faire une place aux élèves boursiers, c'est-à-dire aux classes populaires et au bas des classes moyennes, ferait baisser le niveau", a-t-il ajouté.
Au ministère de l'Enseignement supérieur, on estime qu'il s'agit d'une "fausse querelle", car "on n'a pas parlé de quotas, mais d'objectifs". A ce stade, selon le ministère, le taux n'est pas le même dans toutes les écoles : s'il est en moyenne de 22,9% dans celles d'ingénieurs, il est seulement de 11,03% à Polytechnique. Et s'il est de 20,7% en moyenne pour les écoles de commerce, il n'est que de 12,3% dans les très sélectives comme HEC ou l'Essec.