Ils sont censés être le fleuron de la médecine française. Pourtant, les hôpitaux parisiens souffrent eux aussi du manque de moyens. Ces économies se font parfois au détriment des conditions d'accueil des malades. Europe 1 est allé à la rencontre de nombreux professionnels de santé des hôpitaux parisiens qui expliquent comment jongler avec ces restrictions de budget.
Une infirmière explique ainsi que sa hiérarchie lui a demandé d'économiser les stocks de couches. Elle a donc reçu pour consigne de changer celles des patients le plus tard possible.
Le matériel des urgences pas renouvelé
Aux urgences de l'hôpital Saint-Louis, les équipes soignantes travaillent en flux tendu. Et malgré les demandes du Dr Pierre Taboulet, le chef du service, le matériel n'a pas été remplacé l'an dernier. "Dans un service d'urgence, chaque année le matériel est remplacé, parce qu'il s'abîme et se périme. C'est simple : en 2011, aucun matériel que nous avons demandé en remplacement n'a été financé", affirme-t-il à Europe 1.
"On n'a pas de couvertures. Il faut les changer tous les jours, il y a des problèmes d'hygiène... Donc on n'a plus de couverture : on met deux draps à la place", explique encore le Dr Taboulet. "On est en train de composer en permanence pour essayer d'être efficaces et c'est épuisant", dénonce ce médecin urgentiste.
Manque d'hygiène au service des maladies infectieuses
De leur côté, les patients constatent également les conséquences de ces objectifs de rentabilité. A 58 ans, Maxime est suivi depuis presque vingt ans au service des maladies infectieuses de l'hôpital Bichat, à Paris. Selon lui, la situation a empiré ces cinq dernières années et son dernier passage à l'hôpital a été le pire qu'il a jamais vécu. "Je suis resté six jours et six nuits, les draps n'ont été changés qu'une seule fois. C'est quand même un service de maladies infectieuses et il n'y a qu'une seule salle de bain à l'étage, dans un état de saleté absolue", raconte-t-il sur Europe 1.
A l'AP-HP, on répond que si les dépenses sont effectivement limitées, les économies ne sont jamais faites sur le dos des patients. D'après une enquête menée par les hôpitaux de Paris, qui prennent en charge 7 millions de patients chaque année, 77% d'entre eux sont satisfaits de la qualité des soins.
L'image des hôpitaux dégradée
Hors micro, le diagnostic des directeurs d'hôpitaux est beaucoup plus dur. Si l'AP-HP investit bien pour moderniser ses équipements, ces investissements se font au détriment d'autres postes de dépenses, comme les repas, les draps ou encore les stores. Une situation qui contribue à dégrader toujours plus l'image de l'hôpital, reconnaît une directrice d'hôpital.