L’INFO. Les enfants jouent-ils leur avenir dès la crèche ? Selon un rapport du groupe de réflexion de gauche Terra Nova rendu public lundi, les inégalités sociales ont des conséquences dès le plus jeune âge. Seulement 8% des petits Français vivant sous le seuil de pauvreté sont accueillis en crèche, ils représentent pourtant 20% dans la population de leur âge. Un chiffre qui, selon le rapport, a des répercussions sur des décennies, en terme d’éducation, de santé et d’emploi.
30 millions de mots en moins. Les études sur le sujet concordent : les enfants pauvres sont directement victimes de leur condition sociale. A trois ans, on estime que leurs camarades aisés connaissent 1.000 mots, quand eux n’en maîtrisent pas la moitié. Un an plus tard, ils ont généralement entendu environ 30 millions de mots de moins dans leur vie que les autres.
Des conséquences sur toute la vie. “C’est énorme et c’est ce déficit là qui créé de l’échec scolaire”, explique Suzanne de Bellescize, l’une des auteurs du rapport, au micro d’Europe 1. Le problème, c’est que ces différences sociales dans l’accueil à la crèche ont des conséquences toute la vie selon les études rapportées par Terra Nova.
Une étude sur 40 ans. Le think tank a fait appel à des études américaines. Depuis 1972 et son entrée dans la crèche, un groupe d’enfants a été suivi. Aujourd’hui, la plupart a dépassé les quarante ans. On peut donc étudier leur parcours sur le long terme.
Les résultats sont probants : les enfants accueillis en crèche, et qui plus est dans des crèches aux méthodes éducatives poussées, réussissent mieux dans les études et dans le monde du travail.
Renouveller les crèches. Pour Terra Nova, le constat est donc simple : il faut fortement augmenter le nombre de place en crèche, il en manque 30.000 pour les enfants défavorisés selon le rapport, mais aussi mettre en place des méthodes éducatives dès le plus jeune âge. “Les structures d’accueil collectif concentrent aujourd'hui essentiellement leurs efforts sur les aspects sanitaires et de sécurité”, déplore le think tank.
Selon le prix Nobel d’économie James Heckman, auteur des études américaines sur le sujet, l’investissement dans ce type de structure serait d’ailleurs “le plus rentable pour la société”. Dans un article scientifique de 2009, il estime que ces méthodes d’éducation précoce permettraient d’économiser beaucoup plus que l’argent investi dans la requalification professionnelle et le décrochage ou l’échec scolaire.
En France, ces méthodes ont d’ailleurs trouvé un écho. Dans la région de Grenoble, depuis 2006, un programme similaire, “Parler Bambin”, a été mis en place. Ce dernier s’est exporté, notamment à Lille, et 15.000 petits Français ont pu en bénéficier.
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