Jean-Marie Delarue a remis lundi son rapport annuel sur les prisons au président de la république Nicolas Sarkozy. Le rapport de 386 pages met l’accent sur les efforts à fournir pour améliorer les conditions de détentions en France. Et avant tout, Jean-Marie Delarue tient à rejeter les "images naïves", et avec elles l’idée trop souvent répandue de "prison ‘quatre étoiles’ qui reprend de la vigueur avec la mise en service d'établissements neufs".
Selon lui, des efforts sont à fournir pour que "ce qui est neuf" le reste le plus longtemps possible. Il recommande entre autres d’entretenir afin de maintenir la salubrité. Et pour que les détenus ne soient pas tentés par les dégradations, leur seule échappatoire, le contrôleur général des lieux de privations de liberté préconise de ne pas les laisser se refermer sur eux-mêmes.
Les mineurs encore mal encadrés
Un autre point majeur de ce rapport concerne le traitement des mineurs. Là encore, le contrôleur général des lieux de privation de liberté montre du doigt les lacunes des établissements pénitentiaires. "On est frappé du manque de coordination du travail des professionnels" dans les centres éducatifs fermés (CEF) et les établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM). "Chaque membre de l'équipe agit comme il le peut... Les formations initiales et continues demeurent (...) marginales", poursuit le rapport.
Jean-Marie Delarue pose également une question essentielle sur les séjours en EPM, où les mineurs sont censés "conjuguer l'exécution de la peine avec une action éducative". Dans 80 % des cas, les séjours sont courts (moins d'un trimestre). Cette durée "est à apprécier très positivement, s'agissant d'un séjour en prison d'un mineur, mais a-t-elle un sens du point de vue de l'éducation qui peut y être donnée ?", s'interroge-t-il.
"Préoccupé" par les soins psychiatriques
Autre problème mis à l’index par Jean-Marie Delarue : les manquements aux soins psychiatriques, pour lesquels il se dit "préoccupé" et ne "constate nulle amélioration". Il considère le sujet comme un "débat majeur de notre société", qui "consiste à s'efforcer de prévenir (...) les comportements individuels qui pourraient demain porter atteinte à l'ordre public".
La procédure pénale "est de plus en plus attentive à la personnalité et à la ‘dangerosité’", tendance reposant "sur l'idée que la bonne connaissance d'une personnalité préviendra les risques (...), permettra de mieux adapter le régime carcéral (...), assurera une meilleure prévention de la récidive et une meilleure insertion", ajoute-t-il. Selon le contrôleur, ce discours séduisant "est largement illusoire, au moins en ce qu'il postule que la ‘science’ du comportement peut préfigurer une conduite future".
L’Elysée "a pris note avec satisfaction de la notoriété croissante de l'institution, qui a connu une très forte augmentation d'activité en 2010 ".