Certains ont autant la boule au ventre, sinon plus, que les élèves. Pour les profs aussi, l’heure est à la rentrée scolaire. Les quelque 840.000 enseignants prennent même de l’avance, puisqu’ils intègrent leur établissement dès vendredi, trois jours avant nos chères petites têtes blondes.
Parmi eux, se trouvent environ 16.000 profs stagiaires, qui ressentent le stress des grandes premières. "Je ne me suis jamais retrouvé dans une classe, juste en cours particulier. C'est difficile de se dire qu'on commence direct avec 18 heures de cours", a témoigné Lisa Roussier, 24 ans, professeur de lettres et d'histoire-géographie, lors des journées d'accueil dans l'académie de Créteil. Car désormais, depuis un an, les débutants commencent toujours à temps plein, alors qu'avant la réforme ils n'étaient qu'à temps partiel la première année.
"On nous envoie au casse-pipe"
Conscient des difficultés qui ont émaillées la rentrée 2010, le ministère de l’Education a fait un effort. "L'année dernière n'a pas été facile, mais c'était une année de transition. En cette rentrée, il y a des améliorations significatives", a expliqué jeudi en conférence de presse le ministre, Luc Chatel. Ainsi, l'accueil de pré-rentrée des enseignants débutants est théoriquement passé de trois à cinq jours et certains étudiants ont pu suivre des stages en classe l'an dernier pendant leur dernière année de diplôme de master.
Mais le SNUipp-FSU, principal syndicat des écoles, rappelle que les stages en master n'étaient que facultatifs et a calculé qu’au moins 39 départements n'offriront pas les cinq jours d'accueil obligatoires en primaire. "On nous envoie au casse-pipe avec 18 heures de cours. Les petits stages de formation avant la rentrée, c'est un peu un cache-misère", a jugé Simon, 31 ans, professeur d'histoire-géographie qui préfère ne pas donner son nom.
Et puis il y a le problème des affectations. "J'appréhende la gestion de la classe. Ils nous avaient dit qu'ils éviteraient d'envoyer des professeurs stagiaires en Zep mais ça n'a pas marché pour moi", a affirmé Elodie Macler, 27 ans, professeur de lettres nommée à Alfortville, dans le Val-de-Marne, dans un établissement de l'éducation prioritaire.
Des sites pour aider les débutants
Même la présence de tuteurs, si rassurants pour les débutants, n’est pas assurée. Selon les décomptes du SNUipp-FSU, 27 départements ne vont pas en proposer dans les écoles primaires, ce qui conduit le syndicat à qualifier de toujours "calamiteuse" la nouvelle formation des enseignants, qui n'a plus de caractère national mais des variantes selon les académies.
L’apparition de sites Internet proposant leur aide aux débutants est un signe de plus de leurs craintes à quelques jours de la vraie rentrée. Ainsi "Jeunesprofs.com", dispositif pédagogique monté par la banque Casden, le journal Le Monde et l'éditeur Rue des écoles, veut "accompagner les nouveaux enseignants dans leur prise de fonction". Citons aussi "Apprentissime.org", un site d'outils pédagogiques, de tutorat et de "coaching" pour lequel il faut débourser 12 euros par mois.