En 2001, Marc Machin avouait en garde à vue le meurtre d'une femme sur le pont de Neuilly. Le point de départ de l'une des plus grandes erreurs judiciaires françaises : le 9 septembre 2004, la cour d'assises des Hauts-de-Seine le condamnait à 18 ans de réclusion. Marc Machin a finalement vu sa condamnation annulée par la Cour de révision en 2008, après avoir passé six ans en détention pour ce meurtre depuis revendiqué par un autre.
La cour d'assises de Paris rejuge cette affaire depuis lundi. Pour sur un itinéraire judiciaire à part, celui de Marc Machin, retourné en prison pour une toute autre affaire.
Un suspect et des aveux
Tout a commencé il y a onze ans, par le meurtre sanglant d'une quadragénaire. Le 1er décembre 2001, Marie-Agnès Bedot, secrétaire de direction et mère de trois enfants, est tuée sur le pont de Neuilly, dans les Hauts-de-Seine. Son corps est découvert par un SDF au pied d'un escalier menant du pont à un jardin public. Très vite, les enquêteurs de la Brigade criminelle de Paris tiennent un suspect, un dénommé Marc Machin.
Placé en garde à vue le 14 décembre 2001, le jeune homme qui n'a que 19 ans à l'époque passe aux aveux. C'est un fils de gardien de la paix, il ne travaille pas et passe ses soirées à boire et fumer des joints dans la rue, raconte le Parisien magazine. Marc Machin a déjà été condamné pour vol avec violence et inquiété pour une agression sexuelle sur une étudiante suédoise à Montmartre. Oui, assure-t-il alors aux enquêteurs, armé d'un couteau, il a "planté" une femme le soir du 1er décembre, sur le pont de Neuilly, avant de jeter l'arme dans le fleuve. Marc Machin est dès lors mis en examen pour meurtre et placé en détention provisoire.
Condamnation puis libération…
Marc Machin dort en prison depuis six mois quand le 22 mai 2002, le pont de Neuilly est de nouveau le théâtre d'un meurtre. Et les circonstances sont troublantes: le corps de Marie-Judite Araujo est découvert au même endroit que celui de Marie-Agnès Bedot six mois plus tôt, dans une position similaire. Leurs profils se ressemblent et toutes deux ont été agressées à l'arme blanche, puis délestées de leur sac à main. Les faits auraient été commis à des horaires similaires. Si ces ressemblances sautent aux yeux des enquêteurs, les aveux de Marc Machin ne sont toutefois pas remis en cause, même quand celui-ci se rétracte un an plus tard, expliquant s'être livré sous la pression de la garde à vue. Marc Machin, qui clame désormais son innocence, est condamné malgré tout en septembre 2004.
Mais dans la nuit du 3 au 4 mars 2008, un coup de théâtre se joue au commissariat de la Défense. Un SDF nommé David Sagno vient de s'accuser des deux meurtres du pont de Neuilly : "Mme Doucet tuée le 1er décembre 2001, Mme Arcanjo ou Ayauro, il ne sait plus trop, tuée en mai 2002", relate Valérie Mahaux dans son ouvrage Une erreur judiciaire presque parfaite, paru en novembre. Une nouvelle enquête est alors ouverte par le procureur de Nanterre, Philippe Courroye.
…Et retour en prison
Après la suspension de sa peine, Marc Machin sera libéré octobre 2008. Un répit de courte durée avant de se retrouver de nouveau dans le tourbillon de la justice. Le 18 mai 2010, le tribunal correctionnel de Paris le condamne à trois ans de prison pour trois agressions sexuelles dont deux sur mineurs.
Des agressions qui ont été commises en juin 2009, soit huit mois seulement après sa sortie de prison. Marc Machin ne doit "pas être considéré comme un être normal au vu d'un parcours normal", avait alors plaidé son avocat. "J'ai commis un acte violent. Je ne suis pas là pour me dédouaner des faits ou pour les minimiser. J'ai été rattrapé par mes vieux démons, ma colère et ma frustration ont pris le pas sur ma réflexion", avait pour sa part déclaré Marc Machin devant le tribunal. Il sera finalement libéré en septembre 2012.
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A l'issue de ce procès en révision qui s'ouvre lundi aux assisses, Marc Machin devrait cette fois être acquitté du meurtre du pont de Neuilly, pour lequel David Sagno a depuis été condamné.