L'INFO. Les vols de carburant se multiplient. Au total, près de 18.000 plaintes ont été enregistrées l'an dernier. Mais le bon vieux siphonnage de réservoir est bien loin : les forces de l'ordre ont désormais affaire à des vols de gros volumes. Et les malfaiteurs ne reculent devant rien.
"On constate une certaine professionnalisation des vols de carburant", affirme le colonel Jacques Plays, adjoint au sous-directeur à la police judiciaire au sein de la gendarmerie nationale, joint par Europe 1. "Si, autrefois, la majeure partie des vols de carburant que l'on pouvait constater constituait de simples filouteries commises par des particuliers, on a aujourd'hui de véritables organisations qui se mettent en place fin de voler des quantités extrêmement importantes, essentiellement aux dépens des stations-service, mais également des routiers, des particuliers, des entreprises, et très souvent des exploitations agricoles".
Une télécommande qui permet de débloquer le plafond. Certes, les filouteries - quitter la station-service sans régler son plein - existent toujours, mais elles sont stables : on en signale environ 5.000 par an. En réalité, ce qui augmente de manière inquiétante, ce sont les vols très organisés. Les cas les plus frappants se déroulent dans les stations-service ouvertes 24 heures sur 24. La nuit, il n'y a plus personne en caisse. C'est là que les malfaiteurs sortent un gadget très utile : une petite télécommande fabriquée dans les pays de l'Est, qui leur permet de débloquer le plafond de retrait de carburant et de se servir à volonté.
Défilé à la pompe. Au début de l'année, les gendarmes ont ainsi repéré des malfaiteurs qui ont rempli un réservoir de 2.800 litres. Sur la vidéo, on voit même leur camionnette s'affaisser sous le poids du carburant ! Quelques semaines plus tard, autre équipe et autre station : c'est un véritable défilé à la pompe. D'abord, des futs sont remplis et chargés dans les coffres. Puis chacun fait le plein de sa propre voiture. Au total, 6.500 litres de gazole se sont envolés.
Les agriculteurs visés aussi. Les enquêteurs spécialisés voient dans la recrudescence de ce phénomène un mélange d'économie de subsistance et de criminalité organisée venue souvent de l'Est. Et les stations-service ne sont pas les seules victimes : les exploitations agricoles, qui possèdent souvent leurs propres cuves, sont également siphonnées. Le trafic de carburant offre de nombreux avantages : le recel est très rapide, les clients sont légion et l'essence, à la différence d'un bijou griffé, est intraçable.
ORANGE - Un routier se fait siphonner 750 litres d'essence