"Mystérieux". C'est le terme employé par Pierre Hedrich, 53 ans, pour qualifier la maladie d'Alzheimer. Fils de malade et auteur de "Il ne sait plus qu'il est mon père", aux éditions Regard et Voir, il témoigne au micro d'Europe1, à l'occasion de la journée mondiale consacrée à la maladie, dimanche.
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"Je le regardais, je le touchais". Un jour, parce qu'il a compris que son père allait bientôt mourir, Pierre décide d'essayer, une dernière fois, de renouer le contact avec lui. C'était il y a trois ans. A l'époque, le père de Pierre a 86 ans. Il ne parle quasiment plus et ne reconnait plus son fils depuis 10 ans déjà. Il vit entre son fauteuil roulant et son lit médicalisé.
"Les gens qui m'ont beaucoup aidés, ce sont les auxiliaires de vie. Infirmières, kinés, aides soignantes... Tous ces gens, qui n'ont pas connu mon père dans sa plein activité, le traitaient avec beaucoup de bienveillances", raconte Pierre au micro d'Europe1. "Je me suis dit, je vais faire comme eux. Je m'asseyais, en face de lui, je le regardais, je le touchais, je lui serrais la main et il me la serrait très fort aussi. Parfois je lui posais des questions, il ne me répondait pas toujours", se souvient-il.
"Il vous a reconnu". Pierre consacre alors ses deux jours de RTT par mois à son père. Il s'installe chez lui, dans son intimité, pour voir se ce qu'il s'y passe. "En fin de journée, quand je partais, l'aide soignante disait parfois : 'il vous a reconnu'. Je savais bien qu'il ne m'avait pas reconnu moi, son fils. Mais qu'il avait reconnu quelqu'un de bienveillant", se souvient-il. "Tout est mystérieux, mais j'ai du créer un lien, qui m'a beaucoup apporté à moi, et à lui aussi sans doute", conclut-il.
En France, en 2014, environ 900.000 personnes sont atteintes par la maladie d'Alzheimer. Les spécialistes estiment que 1,3 million de personnes seront atteintes en 2020 et plus de 2 millions en 2040. Et il n'y a toujours pas de traitement. Pour Pierre, ces deux journées par mois l'ont aidé sur le chemin du deuil. Et quand son père est mort, il y a an, Pierre dit avoir été ému... mais pas triste.