La tension reste vive au lendemain de "la manif pour tous". Alors que Manuel Valls a salué le comportement "maîtrisé et professionnel" des forces de l'ordre, les groupes UMP et UDI au Conseil de Paris ont pris à partie lundi le préfet de police, Bernard Boucault, sur les dérapages en marge de la mobilisation des opposants au mariage homosexuel.
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Alors que la préfecture leur interdisait de défiler sur les Champs-Élysées et la place de l’Étoile, des milliers de manifestants ont forcé le passage à plusieurs endroits. Résultat : les forces de l'ordre ont délogé, à l'aide de gaz lacrymogène et de coups de matraque, les dernières centaines de manifestants contre le mariage homosexuel. Le problème c'est qu'il y avait des enfants. Les groupes UMP et UDI du Conseil de Paris ont donc dénoncé les "violences" des forces de l'ordre en marge de la manifestation.
"Sang-froid des forces de l'ordre". Mais Manuel Valls est monté au créneau pour saluer le travail des forces de l'ordre. "Nous aurions pu avoir des accidents beaucoup plus graves sans le sang-froid des forces de l'ordre", a affirmé le ministre de l'Intérieur lundi sur RTL. Manuel Valls a également précisé qu'il n'y avait pas eu de tirs de grenades lacrymogènes sur les manifestants. Les forces de l'ordre ont utilisé, comme l'ont constaté les journalistes, des diffuseurs de gaz lacrymogène à main.
Précisant qu'une trentaine de policiers et de gendarmes mobiles ont été "légèrement blessés", Manuel Valls a indiqué qu'"il y avait une volonté de certains d'en découdre." Car selon le ministre de l'Intérieur "des groupes ont essayé de forcer les barrages" tenus par les CRS et les gendarmes mobiles pour interdire aux manifestants l'accès des Champs-Élysées. Au terme de la manifestation, 98 personnes ont été interpellées et six ont été placées en garde à vue. Toutes ces gardes à vue étaient levées lundi et un seul individu va faire l'objet de poursuites, pour "violences sans incapacité temporaire totale (ITT) sur personne dépositaire de l'autorité publique" et rébellion.
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Pas de "manipulation des chiffres" selon le préfet. Les groupes UMP et UDI ont par ailleurs accusé le préfet de police d'avoir "manipulé" les chiffres sur le nombre de manifestants. Pour rappel, 300.000 personnes ont été comptabilisées par les policiers et 1,4 million par les organisateurs. "Monsieur le préfet de police, vous avez une nouvelle fois tenté d'abuser l'opinion en minimisant le nombre des manifestants. C'est de votre part une habitude méthodique, systématique, politique dérisoire", a accusé le président du groupe UMP Jean-François Legaret.
Le président du groupe UDI et sénateur Yves Pozzo di Borgo a lui renchéri en dénonçant une "manipulation des chiffres" et la manière dont "des enfants ont été gazés". "J'ai demandé à mon groupe (au Sénat, ndlr) que nous ayons une commission d'enquête, et en fonction des résultats nous demanderons la démission du préfet", a-t-il ajouté.
Le préfet Bernard Boucault a affirmé dans sa réponse que la réaction des forces de l'ordre avait été "proportionnée et mesurée", compte tenu de la "provocation à laquelle ils ont eu à faire face". Il a défendu le comptage des manifestants effectué par les forces de l'ordre, "oeuvre de fonctionnaires de police indépendants dont les méthodes de travail ne sont pas techniquement contestables". Et de conclure : "je n'accepte pas que mon éthique du service de l'Etat, que je sers depuis 40 ans, soit mise en cause", a-t-il tempêté.