Marche des Veilleurs à Paris : un baroud d'honneur ?

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Après 20 jours de marche, ces anti-mariage homo rallient Paris samedi pour un ultime rassemblement, pourtant interdit vendredi par la préfecture.

L'INFO. Ils sont une trentaine, partis il y a vingt jours de Rochefort, en Charente-Maritime, pour une marche "à la rencontre des Français". Eux, ce sont les "veilleurs", ces opposants pacifiques au mariage homosexuel qui se rassemblent sur les places publiques de la plupart des grandes villes de France. Samedi, ils entendent célébrer la fin de leur périple à Paris en passant par deux rassemblements à Paris. Le premier, sur le parvis de la Défense et le second sur la place de la Concorde en empruntant d'abord l'avenue des Champs-Elysées. Problème : vendredi la Préfecture de Police de Paris a interdit le rassemblement.

Une marche qui ne rassemble pas.  Cette "marche des veilleurs",  annoncée en juillet, espérait emmener vers Paris nombre d'opposants à la loi Taubira. Depuis le départ le 11 août dernier à  Rochefort, ils ne sont finalement qu'une trentaine à s'être lancés sur les routes. La troupe, sans banderole ni signe distinctif, se constitue d'étudiants, d'actifs et de retraités.  A chacune de leurs 22 étapes, les Veilleurs s'arrêtent sur une place publique pour des  lectures et "discussions" sur des grands débats de sociétés.  C'est ainsi que dès le 12 août, les marcheurs ont accueilli, sur la plage de Châtelaillon, Jérôme Lambert, député PS de la troisième circonscription de Charente, un des quatre députés socialistes à avoir voté contre la loi sur le mariage homosexuel.

>> VIDEO  - Le député PS Jérôme Lambert invité des veilleurs :

Après l'Ile de Ré, Luçon, les Sables d'Olonnes, Pornic ou Saint-Nazaire, seule l'étape de Nantes, mercredi soir, a finalement été marquée par une pointe de tension. Plusieurs centaines d'opposants au mariage homo sont venus grossir les rangs des marcheurs, le temps d'un rassemblement sur les marches de la préfecture. Cette fois, la séance de lectures, de chants et de débats a été quelque peu perturbée par la présence, derrière un cordon de policiers, d'une centaine de militant anti-aéroport de Notre-Dame-des-Landes criant "Ni Vinci (concessionnaire du futur aéroport de Notre Dame des Landes), ni veilleurs". Ce rassemblement constituait le dernier avant la marche dans Paris.

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© Capture Facebook - Les Veilleurs officiel

La préfecture de police annonce la couleur... C'est ce même jour qu'a choisi la Préfecture de Police de Paris pour indiquer qu'elle n'autorisait pas le trajet et les rassemblements prévus samedi par le mouvement dans la capitale. Une position motivée dans un communiqué "pour des raisons tenant à la protection des institutions et à l’ordre public mais également pour assurer la propre sécurité des manifestants sur des sites particulièrement fréquentés un samedi", indiquaient les services dans ce texte. La préfecture de police expliquait également regretter l'absence d'échanges avec les représentants du mouvement : "afin d’étudier la mise en œuvre d’un tel rassemblement sur un autre itinéraire et selon d’autres modalités, la préfecture de police a (…) tenté d’entrer en contact avec un responsable du mouvement. Malgré de nombreuses relances, toutes ces tentatives de prise de contact sont restées vaines. La préfecture de police regrette de ne disposer d’aucun interlocuteur pour envisager conjointement les modalités de l’arrivée de la " marche des veilleurs" dans la capitale". Une version que contestent les porte-paroles du mouvement.

Des contacts noués jeudi. "La police s'effraie pour pas grand-chose", assurait jeudi à Europe1.fr Madeleine Bazin, une des porte-paroles du mouvement, qui coordonne l'arrivée parisienne de samedi. Les Veilleurs ont finalement pu s'entretenir avec la préfecture de police, assurent-ils. "Ils (la préfecture) appelaient en numéro inconnu et la personne concernée ne décrochait pas", expliquait-elle. "Il y a une bonne volonté des deux côtés. Ils constatent qu'il n'y pas eu de déclaration de manifestation et estiment que les lieux de rassemblements sont trop proches des lieux pouvoirs. Mais nous ne nous considérons pas comme une manifestation et à chaque fois que nous avons veillé on s'est toujours arrangé, ça s'est toujours bien passé". 

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© Capture Facebook - Les Veilleurs officiel

Le rassemblement maintenu malgré l'interdiction. La sanction est finalement tombée vendredi. La préfecture de police, bien que confirmant cette prise de contact, a finalement décidé d'interdire tout bonnement le rassemblement. "Toutes les propositions de rencontres en vue d’engager un dialogue sur le choix de cet itinéraire et les modalités de la veillée sont  restées sans suite", précisait les services de police dans un second communiqué. Selon les représentants du mouvement jeudi, les Veilleurs espéraient rassembler environ 1.000 personnes à Paris. "On maintient notre programme. Nous ne sommes absolument pas dans la provocation ou la confrontation. On verra sur place ce qu'il est possible et impossible de faire", a finalement réagit  vendredi Madeleine Bazin au micro d'Europe 1. Plus tôt lundi, Béatrice Bourges, la porte-parole du Printemps français, le pendant marqué extrême-droite du mouvement des antis, plus habitué des débordements, avait annoncé qu'elle se joindrait au cortège. Pour un dernier baroud d'honneur des antis, plus de quatre mois après la promulgation de la loi Taubira ? Le rendez-vous est fixé à 17h30 à la Défense puis à 21h30 à la Concorde.