"C'est un préprojet. Nous sommes au début des auditions. On ne peut préjuger de leur contenu". Le ministère de la Famille a nuancé dès lundi soir l'avancée des travaux sur le mariage gay du gouvernement. Une manière de faire baisser d'un ton les critiques qui commençaient déjà à se faire entendre.
Lundi soir, dans un entretien à La Croix, la ministre de la Justice Christiane Taubira dévoilait pourtant les pistes du futur texte d'un ton visiblement affirmé. "Nous ouvrirons l'adoption aux couples homosexuels", assurait-elle notamment. Interrogée sur une légalisation de l'aide médicale à la procréation (AMP) aux couples de femmes, et donc des mères porteuses, la ministre répondait également que ce projet "ne prévoit pas d'élargir l'accès à la procréation médicalement assistée".
"Impréparation du gouvernement"
Une exclusion et un ton affirmatif qui ont fait bondir dès lundi soir les défenseurs des droits homosexuels. "On souhaite que la Chancellerie corrige rapidement le tir sur l'APM et on demande à être reçus dans les plus brefs délais, parce que, pour le moment, on a le sentiment que Christiane Taubira se contenterait de faire le service minimum", a réclamé le porte parole de l'Inter-LGBT (lesbienne, gay, bi et trans), Nicolas Gougain, lundi soir.
"Je suis frappé par l'impréparation du gouvernement, sur tous les textes, et là, encore plus sur un sujet aussi sensible", a renchéri au micro d'Europe1 le député UMP Franc Riester, favorable, lui aussi, au mariage gay. "Je ne voterai ce texte que s'il instaure vraiment une égalité entre les citoyens", prévient-il.
"Un argument qui n'a aucun sens"
Des arguments qu'utilisent également les opposants au mariage gay, qui s'en servent pour pointer du doigt l'inutilité du projet. "Madame Taubira exclut la procréation médicalement assistée pour les couples homosexuels. L’argument de l'égalité des droits n'a donc aucun sens", a ainsi taclé lundi matin Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate, au micro d'Europe1.
"C'est un projet de loi qui est lourd. J'ai sollicité le Premier ministre pour une audience visant à l'organisation d'un référendum", insiste-t-elle, peu impressionnée par les sondages qui disent que deux tiers des Français soutiennent la mesure. Et Christine Boutin d'avertir : "ci le gouvernement continue comme ça, il ne fera qu'attiser les passions et les violences. C'est une question de paix sociale et civile".