Mariage gay : les "antis" ne lâchent pas

Dimanche dernier, ils étaient entre 300.000 selon la police. Les organisateurs revendiquaient eux 1,4 million de participants. © MAXPPP
  • Copié
, modifié à

Galvanisés par la mobilisation de dimanche, les opposants au mariage gay multiplient les actions.

LE CONTEXTE. Dopé par le succès de sa manifestation de dimanche dernier, le collectif "La Manif pour tous" redouble d'énergie dans son combat contre la loi Taubira. Et ce malgré la polémique sur le nombre de participants (1,4 million selon les organisateurs, 300.000 pour la préfecture) et des tensions en interne. Dès le lendemain de cette démonstration de force, Frigide Barjot, égérie du mouvement, annonçait une troisième manifestation nationale après le vote au sénat. Les antis espèrent désormais grossir leurs rangs en fédérant tous les déçus de la politique du gouvernement. Et ils donnent déjà rendez-vous à François Hollande jeudi, à l'occasion de son intervention télévisée.

Un comité d'accueil devant France Télé. "La Manif pour tous" n'a plus peur de rien et se fait même menaçante à l'égard du chef de l’État. "Si (jeudi) soir, nous n'avons pas de paroles fortes et d'annonce que le président va suspendre le texte", il "prend un risque majeur de débordements et de troubles graves", prévenait mercredi Frigide Barjot au cours d'une conférence de presse marquée par une alerte à la bombe. Dans Le Parisien de jeudi, Frigide Barjot a confirme le but de cette mobilisation. "Nous lui préparons un comité d’accueil. Nous voulons qu’il nous voie", commente-t-elle.

© Reuters

Dès dimanche soir, le collectif a demandé à être reçu par le président de la République jeudi, avant que celui-ci ne s'exprime au 20 heures de France 2. Devant le refus de l’Élysée, "La Manif pour tous" donne désormais rendez-vous à ses partisans devant le siège de France Télévisions. Sur son site, le mouvement annonce ainsi un "rassemblement, qui sera pacifique mais bruyant, déclaré en préfecture et sécurisé".  Si les services de la préfecture, contactés par Europe1.fr  mercredi soir, ont bien été informés de ce rassemblement, aucune décision sur une éventuelle autorisation n'avait toutefois encore été prise.

La tentation de la scission plus radicale. Mais les violences aux abords de la manifestation, dimanche, ont laissé des traces. Ainsi, Béatrice Bourges, une des porte-paroles de "La Manif pour tous", a été évincée du collectif. Sa faute ? Avoir bravé l'interdiction faite aux manifestants de se rendre sur les Champs-Élysées. Elle a désormais rallié "Le printemps français", autre organisation qui rêve le mouvement de contestation de la loi Taubira en "printemps arabe" à la française. 

Ce mouvement, plus radical et bien plus "à droite" que "La manif pour tous",  faisait partie de ceux qui appelaient à camper sur les Champs-Élysées dimanche soir. "Comme" les Egyptiens place Tahrir.

"Nous ne sommes plus dans le strass, les paillettes, les ballons, nous sommes décidés à entrer en résistance", a ainsi commenté dans une déclaration à l'AFP Béatrice Bourges,  précisant que "tout cela restera pacifique". Mercredi en tout cas,  ce mouvement a annoncé le dépôt d'une plainte dénonçant l'usage de "violences" dimanche envers un manifestant. Une douzaine d'avocats sympathisants étudient par ailleurs une centaine de dossiers en vue d'autres poursuites. Dans la foulée, "La Manif pour tous" annonçait son intention de lui emboîter le pas.

Et les pro-"mariage pour tous" ? Pendant ce temps-là sur les réseaux sociaux, un texte de soutien à la loi connaît, lui, un franc-succès. Hébergé sur le site allout.org, mouvement pour l'égalité des droits dans le monde, ce texte adressé aux sénateurs revendiquait  270.293 signatures mercredi soir, l'objectif étant d'arriver 300.000, comme le nombre d'antis dimanche dernier, selon la préfecture.

© Capture - Allout.org

De son côté, l'équipe web du PS organise une "support party" jeudi, rue de Solférino.  Le but ici est de suivre l'intervention du président en direct en réagissant sur les réseaux sociaux "dans une ambiance conviviale". Une opération repérée par... "Le printemps français" qui propose à ses sympathisants de "s'y inviter", pour ne pas "laisser la parole sur la toile à ceux qui gazent des femmes, des enfants, des personnes âgées et de manifestants pacifiques". Au siège du PS, depuis quatre jours, chaque mail d'inscription est passé à la loupe. Afin qu’aucun fauteur de troubles ne vienne perturber le rendez-vous.