Le climat est de plus en plus tendu autour du mariage gay. Depuis l'annonce par le gouvernement d'une accélération du calendrier parlementaire, le mouvement se radicalise et inquiète. Pourquoi ? On vous résume la nouvelle stratégie des "antis".
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70 gardes à vue. A quelques jours de l'examen en deuxième lecture du texte de loi sur le mariage homosexuel, les opposants au projet ne désarment pas et multiplient les opérations spectaculaires. Ministres chahutés, "réveil" d'un député, TGV bloqué, confrontation avec les forces de l'ordre, les tensions sont montées d'un cran ce weekend. Derniers coups d'éclat en date : dimanche soir, un quarantaine d'opposants ont attendu le ministre de l'Intérieur, Manuel Vals, et son épouse, à la sortie d'un concert. 19 d'entre eux ont été interpellés, selon les infos recueillies par Europe1 avant d'être relâchés après vérification d’identité. Plus tard, peu avant une heure du matin, 70 opposants ont été arrêtés devant l'Assemblée nationale après avoir dressé une dizaine de tentes devant le palais Bourbon. Ils ont ensuite été placés en garde à vue dans des locaux de police situés… rue de l’Evangile, dans le 18e arrondissement de la capitale.Ils sont susceptibles d’être poursuivis pour "non dispersion après sommation lors d’un attroupement", délit passible d’un an de prison et 15 000 euros d’amende.
Samedi, selon des sources concordantes et la journaliste elle-même, Caroline Fourest a même été poursuivie toute la journée par des "antis", perturbant à Nantes un débat auquel elle participait, bloquant son TGV et l'attendant à son retour en gare à Paris.
Tous les opposants se radicalisent-ils ? Ces actions spectaculaires sont principalement menées par des groupuscules d'extrême droite, tels que le "Bloc identitaire" ou les "jeunesses nationalistes". Mais la radicalisation monte au sein même de la "Manif pour tous", dont les représentants se veulent pourtant pacifistes. Harcèlement de ministres, "réveils" de politiques, violence dans la manifestation, le "Printemps Français" par exemple, est accusé de nombreuses dérives. Le ton de Frigide Barjot est aussi monté d'un cran vendredi. "Hollande veut du sang, il en aura ! Tout le monde est furieux. Nous vivons dans une dictature", s'est-elle emportée.
Interrogée par Europe1, celle-ci dément toutefois toute radicalisation de son mouvement est lance un appel au calme. "Il n'y a pas d'appel à la haine chez nous. Il faut arrêter de jouer ce jeu là. C'est mensonger. Arrêtons de travestir la vérité", a-t-elle réagi. Et de préciser : "Je dénonce tout amalgame avec l'extrême droite. 'La Manif pour tous' a toujours dénoncé les extrémistes. Il n'y en a pas chez nous. Le Printemps français ne fait plus partie de 'Manif pour tous'. On le poursuit même en justice. Ils ont pris nos affiches. Ils ont pris nos logos. C'est scandaleux."
Droite et gauche se renvoient la balle. Depuis vendredi, l'opposition accuse le gouvernement d'avoir attisé les tensions avec l'accélération du calendrier parlementaire. Au contraire, la gauche le défend, et appelle à clôturer ce débat au plus vite pour calmer les esprits. Le Premier secrétaire du PS, Harlem Désir, a dénoncé dimanche la "traque" de Caroline Fourest, y voyant des "actes de terreur idéologique" encouragés par "les silences de la droite". La droite "se laisse diriger par une Mme Barjot, qui pense qu'un vote du Sénat relève de la dictature, et Mme Boutin, qui profère les pires menaces sur la démocratie et la République", a lancé le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Le gouvernement n'est "pas innocent dans la violence", a rétorqué l'UMP Jean-Pierre Raffarin. L'accélération du calendrier parlementaire est une décision "stupide"qui va "encore un peu plus radicaliser" le débat, a estimé François Fillon, dimanche sur Europe1.
Barjot interpellée par ses proches. Face à la montée des tensions, les accusations à l'encontre de Frigide Barjot se font de plus en plus virulentes. Et même certains de ses proches la prennent à partie. Karl Zéro, qui n'a pas vraiment apprécié les appels au "sang" de sa belle-sœur Frigide Barjot, a rendu publique lundi une lettre dans laquelle il l'appelle à la raison. "Stop, Frigide !", lui écrit le journaliste dans un texte qu'il conclut ainsi : "Ton beauf qui te pardonnera si t’arrêtes les frais" (voir ci-dessous). Dimanche, c'est un autre proche de Frigide Barjot qui lui a lancé un appel au calme. Alexandre Dousson, homosexuel qui se présente comme son ami, a publié sur son profil une lettre ouverte à Frigide Barjot. Tes propos d'hier me donnent la nausée. Tu as dépassé toutes les bornes et tu es désormais un danger public", tacle-t-il.
>>>La lettre de Karl Zéro à Frigide Barjot :