Mercredi, le tout premier mariage gay sera célébré en grande pompe à Montpellier. La maire socialiste, Hélène Mandroux, tenait absolument à être la première à unir deux personnes du même sexe. Mais ailleurs, certains font tout pour éviter de célébrer des mariages homosexuels. A Chenoise, par exemple, un village de 1.200 habitants en Seine-et-Marne dont le maire est sans étiquette, Stéphane et Étienne, qui ont prévu de se marier samedi, ont eu d’énormes difficultés pour trouver un élu qui accepte de se charger de la cérémonie.
> DÉCRYPTAGE : Que faire si un maire refuse ?
>> Europe 1 a rencontré les deux futurs mariés à Chenoise, où leur mariage semble créer un grand malaise.
Si la date a pu être trouvée rapidement, l’horaire de leur mariage a été changé sans raison il y a deux jours, provoquant de gros problèmes d’organisation. Pire : samedi, aucun adjoint n’est disponible. Stéphane et Étienne seront donc mariés par un simple conseiller municipal.
"Le maire, on m’a indiqué qu’il était pas là. Le premier adjoint, on m’a indiqué qu’il était injoignable, qu’il était dans ses champs. Le deuxième on m’a indiqué que de toute façon il n’était pas disponible. La troisième adjointe m’a dit qu’elle avait son fils à amener à l’école de cirque et qu’elle le ferait pas", égrène Stéphane au micro d’Europe 1. Le futur marié admet, avec des larmes dans la voix, ressentir "de la haine" : "je suis écœuré. Je trouve ça inadmissible".
Des menaces en pleine rue. Le maire de Chenoise n’a pas souhaité répondre à Europe 1. A un an des élections municipales, une simple balade dans les rues du village suffit pour recueillir des propos sans ambigüité de la part des habitants : "Deux femmes qui s’aiment, deux hommes, c’est pas bien, c’est immoral", assène l’une d’elle. Une autre : "qu’ils fassent ce qu’ils veulent, mais le mariage, non". "Une famille, pour moi, c’est un homme et une femme. Est-ce qu’il reste des hommes encore ?", se demande un autre.
A quatre jours du mariage, l’ambiance est tellement tendue à Chenoise que certains amis de Stéphane et Étienne ont été menacés en pleine rue. "On va vous casser la gueule", ont-ils entendu. Alors pour samedi, les deux futurs époux ont demandé aux gendarmes d’être là à la sortie de la mairie.