La polémique enfle à Marseille. La fermeture durant la journée d'un centre d’hébergement d’urgence pousse à la rue une cinquantaine de Roms qui avaient investi les lieux. A l’origine de cette décision, la ville de Marseille et l’Armée du Salut, qui gère l’établissement, assument leur décision en évoquant des motifs réglementaires et financiers. Mais d'autres associations montent au créneau pour en dénoncer les conséquences.
"Il fallait rétablir l’équilibre"
Initialement, l’accueil de ces familles Roms ne devait être que provisoire, car le centre d'hébergement de la Madrague accueille principalement une population de SDF et de grands marginaux. "On avait accepté d'accueillir il y a un an la communauté Rom de manière temporaire. Mais le temporaire a duré", regrette dans les colonnes de La Provencele Dr Michel Bourgat, adjoint en charge de la lutte contre l'exclusion à la mairie de Marseille.
A l’Armée du Salut, on justifie la fermeture du centre de la Madrague pendant la journée pour des raisons d’équité. "Cela peut faire mal au coeur pour certaines personnes. Mais ces Roms restaient constamment dans cet hébergement d'urgence", explique René Giancarli, directeur du Samu social de Marseille, au micro d'Europe 1. "De leur côté, les autres hébergés réintégraient les lieux à partir de 17 heures. Cela a créé des tensions", souligne ce responsable. Selon lui, "il fallait rétablir l'équilibre".
D’autant que la situation pèse sur les budgets. La prise en charge 24 heures de 24 heures de ces familles de Roms représente un surcoût de 300.000 euros pour la ville de Marseille et l'Etat.
"C’est un véritable scandale"
La décision de fermer les grilles du centre durant la journée a donc été prise. Au grand dam de plusieurs associations, dont la Fondation Abbé Pierre. "C'est un véritable scandale", estime Fathi Bouaroua, interrogé par Europe 1. "Fermer le peu de places qu'ils avaient ouverts, ça marque bien une absence de réponses à des populations qui sont dans la détresse la plus totale", déplore-t-il.
Désormais, les Roms, parmi lesquelles des femmes et des enfants, campent sur le trottoir, en face du centre d'hébergement. Sans bien comprendre pourquoi les portes du refuge leur sont fermées.