Marseille : ma cité va sauter

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avec Nathalie Chevance , modifié à
Le préfet suggère de dynamiter Le Clos la Rose, pour mettre fin aux trafics en tous genres.

Ce n'est qu'une piste de réflexion pour l'instant, mais elle suscite déjà de vives réactions. Le préfet de police de Marseille, Alain Gardère, envisage de faire sauter à la dynamite un bloc du quartier sensible du Clos la Rose, théâtre de règlements de comptes quotidiens et de trafics de drogue, malgré les multiples opérations de police.

"C'est l'enfer"

Au fond de la cité, devant le bâtiment 41 visé par l'opération, les langues ont du mal à se délier. Les guetteurs surveillent les faits et gestes des habitants et notamment des mères de famille qui sont "en première ligne" comme elles le disent elles-mêmes. "Je n'ose pas sortir de chez moi", avoue l'une d'elles au micro d'Europe 1. Mais celles qui vivent dans le bloc qui pourrait être détruit, voient dans ce dynamitage une porte de sortie, une opportunité pour fuir Le Clos la Rose.

"Nos boîtes aux lettres sont détruites, nos enfants sont menacés", raconte une mère de famille au micro d'Europe 1. "Des enfants meurent pour rien", s'indigne une autre. Pour elle, "ça serait toute la cité qu'il faudrait détruire". "On aimerait partir, c'est sûr", confirme-t-elle. "Tous ! Tous !", ajoute-t-elle, avant de conclure "c'est l'enfer".

"Détruire tous les bâtiments"

Mais si le constat fait l'unanimité, le projet de dynamiter ce "supermarché" de la drogue laisse quand même certains habitants perplexes. "On pourra détruire n'importe quel bâtiment, ils se déplaceront quand même", témoigne Julie, qui connaît le "réseau du Clos". Selon elle, il faudrait détruire tous les bâtiments, afin de mettre fin au trafic. "Les gens font leurs affaires et celles-ci ne s'arrêteront pas", poursuit-elle.

Et pour cause, malgré les fréquents règlements de comptes parfois meurtriers, comme celui de mercredi soir, les membres du réseau restent déterminés. "Ils se sont fait tirer dessus, il y a même certains de leurs membres qui se sont fait tuer mais ça ne les arrête pas pour autant. Deux jours après ils recommencent", ajoute Julie. Une situation qui désespère les habitants, d'autant plus que le réseau, qui se transmet "de famille en famille", recrute de plus en plus jeune. "Je ne sais même pas s'il y a une solution à ça", regrette Julie.

Quant à Jérôme Coumet, le maire socialiste du secteur, il est farouchement opposé à la démolition de ces immeubles. Pour lui, il faudrait déployer des moyens supplémentaires. La solution : la présence de policiers jour et nuit.