Opération déminage pour Claude Guéant en Martinique. Le ministre de l'Intérieur a en effet tenté, dimanche dans le cadre de son séjour à la Martinique, d'éteindre la polémique concernant ses propos sur "les civilisations qui ne se valent pas".
Claude Guéant a atterri samedi soir vers 20 heures pour une visite aux Antilles. Le ministre de l’Intérieur est arrivé sans heurts. Seule une cinquantaine de manifestants cantonnés sur le rond-point d'entrée de l'aéroport Aimé-Césaire, à Fort de France, ont hué le cortège ministériel à son passage. Sur leurs pancartes, on pouvait lire "les civilisations se valent, c'est le racisme qui ne vaut rien", "raciste dehors, Guéant dégage". Dans le centre-ville, la courte apparition du ministre à quelques mètres des défilés du carnaval n'a suscité que très peu de réactions dans la foule.
Rencontres tendue avec les sympathisants
Le ministre a ensuite rencontré à huis clos et de manière informelle sept élus et responsables locaux UMP, avant d'aller saluer les équipes de nuit de la police nationale, dans l'Hôtel de police du centre ville, vétuste, dont il a promis la réfection.
Dimanche en début d'après-midi, Claude Guéant s'est également rendu à une réunion de militants UMP au Lamentin, commune voisine de Fort-de-France. "Il y avait 200 personnes, l'accueil a été très chaleureux, sa mise au point a visiblement été bien comprise, les gens se sont pressés autour de lui à la fin du meeting pour lui exprimer son soutien", a assuré son entourage.
L'exercice était attendu car le terrain était aussi miné dans les rangs de la droite. L'UMP Martinique, en position inconfortable, avait dans la semaine fait savoir qu'elle ne "partageait pas les propos tenus par Claude Guéant".
Le ministre de l'Intérieur comptait bien "s'expliquer" devant eux. "Je leur dirai qu'un malentendu a été créé, entretenu, que c'est bien sûr de la politique mais que ce n'est pas bien", a-t-il assuré.
Refus de nombreux élus locaux de rencontrer le ministre
Une rencontre avec les élus des collectivités étaient initialement prévue mais les élus de gauche ont tous décliné son invitation, Serge Letchimy en tête. Le député du Parti progressiste martiniquais (apparenté PS) et président de la région Martinique a suscité un tollé mardi dernier à l'Assemblée nationale en évoquant, à propos des déclarations de Claude Guéant sur la hiérarchie des civilisations, les camps de concentration et le régime nazi.
Le ministre a regretté que les élus aient "failli à la tradition de courtoisie républicaine" d'accueil d'un ministre de la République tout en ajoutant : "c'est leur affaire". Interrogé sur l'émoi qu'ont suscité ses déclarations, Claude Guéant a affirmé que si les Antillais avaient pu être "blessés, c'est parce que mes propos ont été déformés et manipulés", ajoutant, "certains aiment bien manipuler les choses, aiment bien faire de la politique", a-t-il ajouté, insistant sur le fait que "ce que j'ai dit ne peut en aucune façon blesser quiconque".
"Je sais bien que les Antillais ont dans leur mémoire collective la douleur de l'esclavage, et cette douleur, la France la comprend. La France a condamné de façon extrêmement claire l'esclavage, cela fait partie d'un passé qui nous fait honte", a-t-il martelé.