Après l'artiste François-Marie Banier, c’est l’avocat Me Pascal Wilhelm, âgé de 50 ans, qui est accusé de profiter de la fortune de Liliane Bettencourt. Il est visé par une "enquête déontologique", lancée mercredi par le bâtonnier de Paris Jean Castelain, pour "éclairer" son rôle dans les récents investissements de la milliardaire. Et il est la principale cible de la requête déposée par Françoise Bettencourt-Meyers, la fille de l'héritière de l'Oréal. Une requête qu'elle a envoyée à la juge des tutelles de Courbevoie.
Au cœur de ces deux procédures, un soupçon de conflit d’intérêts. Me Pascal Wilhelm s'était vu confier fin janvier, après un accord de "cessez le feu" signé entre la mère et sa fille, un mandat de protection future. Or il est toujours le conseil de Liliane Bettencourt. D’après la requête déposée par l’avocate de la fille Bettencourt, Me Béatrice Weiss-Gout, Pascal Wilhelm, en tant qu’avocat, percevrait des honoraires provenant de … lui-même, en tant que mandataire.
Exécuteur testamentaire de Bettencourt
Toujours d’après la requête, formulée par Françoise Bettencourt-Meyers, l’avocat serait devenu l’exécuteur testamentaire de Liliane Bettencourt. Il aurait également créé un comité d’investissements dont Françoise Bettencourt-Meyers n’aurait appris l’existence qu’après sa mise en place, selon Le Monde. Dans ce comité, figureraient deux clients de Me Wilhelm.
Surtout, l’avocat aurait demandé à Liliane Bettencourt d’investir dans les affaires de l'ancien associé de l'animateur Arthur, Stéphane Courbit, dont il défend aussi les intérêts, notamment dans les jeux en ligne. Une opération qui, si elle est avérée, est interdite par les règles de déontologie de la profession d’avocat. Le Monde indique que la milliardaire a injecté 143 millions d'euros dans LG Industrie, holding de Lov Group de Stéphane Courbit, dont elle a pris 20%. Cette injection a été réalisée via la Financière de L'Arcouest, une structure créée pour l'occasion. "La banque partenaire sollicitée pour le deal est celle présidée par Jean-Marie Messier, qui a pour avocat... Me Wilhelm", précise le journal.
Sans compter que Me Pascal Wilhelm était initialement l’avocat de Patrice de Maistre, l’ex-gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt.
Me Wilhelm "surpris" et "en colère"
L'avocat, joint pas Europe 1, et qui a appris la requête comme tou le monde mercredi matin, se dit "surpris" et "en colère". Il estime en effet avoir tout fait pour aplanir les différends entre la mère et la fille. Signe, d'après lui, que la hache de guerre semblait bien enterrée : au début de la semaine, les avocats des deux parties bataillaient encore ensemble, à Bordeaux, pour obtenir l'annulation des fameux enregistrements clandestins de l'été dernier, source d'ennuis pour tout le monde.
D'après les informations d'Europe 1, il y a une dizaine de jours, Pascal Wilhelm a même dîné dans un grand palace parisien avec l'un des avocats de la fille Bettencourt pour clarifier la situation. Et mardi soir encore, il croisait Françoise Meyers-Bettencourt et son mari à l’assemblée généra de la fondation Bettencourt, comme si de rien n’était.
Pascal Wilhelm dément aussi toute mise en place d'un "cordon sanitaire" qui couperait Liliane Bettencourt du reste de sa famille. Le gériatre qui s'occupe de l'octogénaire a même été choisi par Françoise Bettencourt-Meyers elle-même l'été dernier au moment du débat sur la tutelle.
"C'est un coup de couteau dans le ventre"
Concernant les accusations de conflit d'intérêts, Pascal Wilhelm assure avoir informé en toute transparence la fille de la milliardaire au sujet de l’achat pour 143 millions d’euros de parts dans la société de Stéphane Courbit, dont il est également l’avocat. Cette requête devant la juge des tutelles est donc un choc pour lui. "Je pensais que le couple Meyers allait me remercier. En réalité, c'est un coup de couteau dans le ventre", dit l'avocat à Europe 1.
""Me Wilhelm a une parfaite réputation"
De son côté, le bâtonnier de Paris, Me Jean Castelain, défend son confrère sur Europe 1. "Mon confrère Wilhelm a une parfaite réputation. C'est un très bon spécialiste et je suis très étonné que la presse laisse entendre qu'il ait pu être dans une telle confusion d'intérêts", dit-il. Mais "si tout cela est vrai, cela pose difficulté au regard des règle du conflit d'intérêts", précise-t-il cependant.
"Les choses paraîtront plus simples" :