INTERVIEW. "La présence de Jacques Servier au procès du Mediator est absolument sans importance. Le problème n'est même pas ce procès", a estimé mardi sur Europe 1 le Pr Philippe Even, pneumologue et co-auteur d'un rapport gouvernemental (2011) sur le médicament controversé. Le premier procès des Laboratoires Servier s'ouvre mardi à Nanterre. Le fondateur, Jacques Servier, et quatre anciens cadres de la société et de sa filiale Biopharma, devront répondre de "tromperie aggravée" dans l'affaire du Mediator. Et selon Philippe Even, l'enjeu n'est pas très important.
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Dans l'attente du "vrai procès". Philippe Even se dit d'ailleurs "pas loin" de "se foutre" (pour reprendre une expression polémique utilisée par Jacques Servier lui même) de ce premier procès. "Il ne parle que des faits de tromperies, pas des dangers du médicament ou les morts qui en ont résulté", s'explique le spécialiste. "Le vrai procès est celui qui prendra en compte les morts liés au Mediator, qui aura peut-être lieu l'année prochaine", se justifie le professeur. Aujourd'hui, l'affaire du Mediator fait donc l'objet de deux procédures. L'une à Nanterre, l'autre à Paris. Ce premier procès devant le tribunal correctionnel de Nanterre se déroulera selon une procédure simplifiée, il n'y a pas d'instruction : le procès se tient dans les plus brefs délais et l'affaire est instruite à l'audience. Les parties civiles appuieront leur démonstration sur le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS), remis en janvier 2011, qui pointait la responsabilité directe de Servier dans le scandale sanitaire. Le second procès, lui, dont la date est encore inconnue, devrait également s'appuyer sur des nouveaux éléments.
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Even dénonce "la lenteur de la justice". "Ce qui me préoccupe surtout c'est les 8.000 plaignants ou presque qui depuis un an passent devant les experts de l'ONIAM (Office national d'indemnisation des accidents médicaux) qui n'ont traité que 700 dossiers en un an. Il faudra dix ans pour tout traiter", regrette Philippe Even. Il déplore ainsi "la lenteur de la justice, liée au budget de la Justice, pas des magistrats". "Sur les 700 dossiers, 46 seulement ont été jugés malades et seront remboursés par Servier. Jacques Servier a vendu son médicament à 700.000 personnes, il a gagné 700 millions. Qu'est ce qu'on attend pour dire que ce médicament n'en était pas un, qu'il était dangereux et pour demander à Servier de rembourser les 700 millions et les répartir sur les malades", réclame le Pr Even.
De nouveaux scandales Servier ? "Je pense qu'il y a actuellement plusieurs médicaments de Servier, le Vastarel, le Trivastal, le Procoralan et le Protelos, qui n'apportent rien aux malades et sont tous dangereux", a par ailleurs estimé mardi sur Europe 1 le Pr Philippe Even, co-auteur d'un rapport sur le médicament controversé en 2011. Le spécialiste assure donc que l'on peut s'attendre "à des histoires similaires à celle du Mediator, peut-être pas avec la même ampleur".