L'INFO. C'est une demie victoire pour les victimes. Le tribunal correctionnel de Nanterre a décidé mercredi la poursuite du procès du Mediator. A l'audience, les avocats des Laboratoires Servier, qui avaient obtenu un report du procès il y a un an, avaient de nouveau ferraillé mardi sur le terrain de la procédure pour tenter d'annuler le procès ou obtenir un nouveau renvoi. Mais le tribunal a rejeté un argument de procédure de la défense et a décidé de "joindre les autres incidents au fond". Le procès se poursuit mercredi en l'absence du fondateur des laboratoires, Jacques Servier, pour raisons de santé.
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"Une victoire au goût amer" pour les victimes. Quelque 700 parties civiles demandent désormais réparation à Nanterre, sans attendre l'issue de l'instruction menée parallèlement par le parquet de Paris sur les mêmes faits. Ces victimes présumées ont misé sur une procédure rapide: une citation directe pour "tromperie aggravée", dans laquelle leur revient la tâche d'apporter les preuves, sans avoir accès aux investigations parisiennes. "C'est une victoire pour les victimes mais qui risque d'avoir un goût amer", a réagi l'un des avocats des parties civiles à l'annonce de la décision du tribunal, Me Jean-Christophe Coubris, qualifiant le procès de Nanterre de "danger" pour l'instruction de à Paris.
Jacques Servier absent à l'audience. La porte-parole des laboratoires Servier, Lucy Vincent, a affirmé quelques minutes avant la reprise de l'audience prévue à 13h30 que Jacques Servier, 91 ans, ne serait pas présent mercredi. "Malheureusement son cardiologue lui a interdit envers de venir aujourd'hui", a-t-elle dit devant quelques journalistes, précisant qu'il comptait "faire le maximum" pour être présent au procès afin de "montrer son respect envers les victimes et le tribunal". "Vous avez pu constater son état de santé hier", a-t-elle ajouté. Mardi, le fondateur des laboratoires pharmaceutiques éponymes était présent à l'ouverture du procès. Il s'était cependant éclipsé au bout de deux heures d'audience.
De 1.300 à 1.800 morts Jacques Servier et ses co-prévenus sont ici poursuivis pour "tromperie aggravée". Ces derniers sont soupçonnés d'avoir délibérément dissimulé la véritable nature du Mediator, simple médicament contre le diabète finalement largement détourné comme coupe-faim, et les risques qu'encouraient les patients. Le médicament commercialisé de 1976 à 2009 pourrait, à long terme, avoir causé 1.300 à 1.800 morts par valvulopathie -une défaillance des valves cardiaques- en France. Les prévenus encourent quatre ans de prison et une amende de 75.000 euros. Servier et Biopharma, en tant que personnes morales, encourent une amende de 375.000 euros, ainsi que l'interdiction d'exercer.