Quatre mois après les tueries de Toulouse et Montauban, l'affaire Merah est revenue au premier plan dimanche soir, après la diffusion par TF1 des extraits d'enregistrements audio entre Mohamed Merah et les policiers. Avec la diffusion de ces conversations, c'est indirectement Abdelkader, l'un des frères du "tueur au scooter" qui revient sur le devant de la scène. Les liens de ce dernier avec la mouvance islamiste radicale ont été révélés en mars dernier au moment des tueries. Son rôle dans la dérive meurtrière de son frère a toujours posé question.
"Mohamed martyr de Kader"
Aujourd'hui, l'aîné de la fratrie, Abdelghani, 35 ans sort du silence pour pointer du doigt Abdelkader dans une vidéo mise en ligne lundi par Le Pointsur son site Internet. Unique suspect mis en examen et écroué dans l'enquête sur les tueries de Toulouse et Montauban, Abdelkader, 29 ans "a une grosse responsabilité", estime ainsi son frère (la fratrie compte aussi deux sœurs âgées de 33 et 31 ans, nldr).
"Mohamed est un martyr, pas de la religion mais de Kader" (ndlr: Abdelkader), assure Abdelghani. Selon lui, Mohamed "a mis les deux pieds dedans après son premier voyage au Pakistan". "Après qu'il a eu le courage de passer à l'acte, pas le courage mais la folie plutôt, il a été victime de ces gens qui sont en train de mettre la haine entre juifs et les arabes", ajoute Abdelghani Merah.
Lors d'une rencontre avec le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Richard Prasquier, Abdelghani Merah a enfin expliqué que "la source principale du radicalisme" de Mohamed Merah, "c'est la famille".
"'Moi et lui, c'est comme Tom et Jerry"
Pourtant d'autres extraits, retranscrits par Le Monde dans son édition de mardi ne vont pas dans le même sens. Lorsqu'un homme du renseignement demande à Mohamed Merah si "Kader, lui, il a jamais été au courant" de ses "actions", le tueur au scooter rétorque : "tu sais très bien que moi et lui, c'est comme Tom et Jerry, on est chat et chien (...). Tout le temps, on s'embrouille. (…). Quand on se réconcilie, ça dure pas longtemps. (...) Mon objectif était d'attaquer en solitaire (...) afin d'être entièrement autonome", confie-t-il alors.
Abdelkader était cependant, comme son frère, fiché à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) pour son appartenance au salafisme. L'individu a notamment fait un séjour en Égypte dans des milieux musulmans radicaux. Il avait également été "inquiété dans une filière d'acheminement de djihadistes en Irak" il y a quelques années, sans être mis en examen.
Dans le cadre de l'enquête sur les tueries de Toulouse et Montauban, Abdelkader Merah a été mis en examen et écroué pour complicité d'assassinats, association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme et pour vol en réunion d'un scooter.
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