Merah : les familles en veulent plus

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S.C. avec AFP , modifié à
La déclassification de six documents sur l'affaire Merah leur semble insuffisante.

Deux avocats de familles des victimes de Mohamed Merah ont jugé mercredi les documents de la DCRI déclassifiés "insuffisants" pour connaître la vérité sur les tueries de Toulouse et Montauban, demandant la déclassification "des documents d'autres services", dont la DGSE.

"Les familles des victimes se félicitent de la déclassification des documents de la DCRI qui apportent des éléments capitaux mais restent toutefois insuffisants à la manifestation de la vérité", ont estimé Samia Maktouf et Jean Tamalet.

L’Intérieur a validé la déclassification

Les trois juges antiterroristes - Christophe Teissier, Laurence Le Vert et Nathalie Poux - enquêtent sur les crimes de Mohamed Merah, qui a assassiné sept personnes entre les 11 et 19 mars, et ont reçu vendredi les documents secrets déclassifiés de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).

Le ministère de l'Intérieur a accepté la déclassification des documents demandée par les juges et l'ensemble des familles des victimes, "à l'exception des pièces et informations qui pourraient remettre en cause l'indispensable confidentialité des données relatives à l'organisation".

Six documents partiellement déclassifiés sur 24

Les six documents concernent la surveillance exercée pendant un certain temps par la DCRI sur Mohamed Merah avant ses tueries. Le tueur au scooter avait également été entendu à l'antenne toulousaine de la DCRI en novembre 2011, au retour d'un voyage au Pakistan. Sa dangerosité n'avait alors pas été détectée.

Au total, 24 documents sont concernés. La commission du secret de la Défense nationale (CCSDN) avait recommandé la déclassification partielle de six d'entre eux.

Demande d’accès aux documents de la DGSE

Selon Me Maktouf, avocate d'Abel Chennouf, père de l'une des victimes, "on ne connaîtra pas la vérité tant que les rapports de la DGSE ne sont pas eux-mêmes déclassifiés".

"Les documents ouvrent de nouvelles portes et posent de nouvelles questions", a renchéri Jean Tamalet, avocat de Atim (bien Atim) Ibn Ziaten, frère d'une autre victime.

Tous deux vont donc solliciter le ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, et les juges, "pour leur demander la déclassification des documents d'autres services", notamment ceux de la DGSE.

Le rôle du frère de Mohammed Merah en question

Selon les avocats, deux points importants ne sont pas encore clarifiés selon eux, à savoir "le parcours de Mohamed Merah et le rôle précis joué par son frère Abdelkader Merah". Pour Me Maktouf, "il faut clarifier le rôle d'Abdelkader Merah" car "les documents versés récemment au dossier donnent de nouvelles pistes". Son frère aîné, Abdelghani, 35 ans, a lui-même accusé Abdelkader, figure de l'islamisme radical toulousain, âgé de 29 ans et déjà mis en examen, d'avoir été la "source principale du radicalisme" de Mohamed.

Une implication d’autres services ?

Ces déclarations intriguent les familles des victimes. Les deux hommes "étaient-ils suivis depuis plus longtemps que ce qui a été dit ?", se demande Me Maktouf. "Y a-t-il eu surveillance par d'autres services que la DCRI ?", s'interroge Me Tamalet.

Après avoir consulté les documents déclassifiés, les deux avocats s'interrogent plus que jamais sur l'existence de complices. Lors des échanges avec les hommes du RAID, avant l'assaut de son appartement toulousain dans lequel il s'était retranché, Mohammed Merah s'était revendiqué d'Al Qaïda.

Mohamed Merah avait tué trois enfants et un enseignant juifs dans une école de Toulouse le 19 mars, après avoir abattu trois parachutistes à Toulouse et à Montauban les 11 et 15 mars. Il est tombé sous les balles de la police le 22 mars, après un siège de 32 heures.