Merah : un attentat à Paris ?

Le tueur de Toulouse avait envisagé de s'en prendre à l'ambassade d'Inde, selon Le Monde. © MAXPPP
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Le tueur de Toulouse avait envisagé de s'en prendre à l'ambassade d'Inde, selon Le Monde.

Près de deux mois après la mort de Mohamed Merah, les motivations du jeune homme restent encore floues. Les enquêteurs peuvent néanmoins s'appuyer sur les enregistrements des négociations entre le tireur de Toulouse et le Raid, réalisés pendant les 32 heures du siège de son appartement les 21 et 22 mars dernier. Ces conversations, qui ont été versées au dossier judiciaire, ont pu être consultées par le journal Le Monde.

Un attentat contre l'ambassade d'Inde à Paris

Mohamed Merah a ainsi indiqué aux policiers avoir d'abord envisagé de commettre un attentat à l'ambassade indienne à Paris. L'objectif était même encore plus précis, selon les informations obtenues par Europe 1 : Merah devait tuer l'ambassadeur lui-même et ses proches. Une cible qui lui aurait été "recommandée" par "les talibans qui l'ont préparé au djihad lors de son séjour au Pakistan durant l'été 2011", selon Le Monde. Les tensions confessionnelles historiques entre le Pakistan et l'Inde pourraient expliquer cette mission.

Mais s'attaquer à une telle cible dans Paris n'est pas simple et devant l'ampleur de la tache, Merah a préféré renoncer. Le jeune homme s'est donc tourné vers d'autres cibles : les militaires - il a tué trois soldats - et les juifs - trois enfants et un adulte ont été tués devant une école juive de Toulouse. Mais son bilan semblait ne pas le satisfaire : "J'en ai pas tué assez", a-t-il répété aux policiers au cours du siège. Merah avait dressé une liste de cibles qu'il avait prévu d'abattre si la police ne l'identifiait pas.

Son frère savait qu'il "allait faire des conneries"

Les enquêteurs se penchent désormais sur le soutien qu'aurait pu apporter son frère à Mohamed Merah. Abdelkader Merah, arrêté fin mars et placé à l'isolement en détention provisoire depuis, jure qu'il ne s'est jamais douté des intentions criminelles de son frère. Alors qu'il a participé au vol du scooter, qui a permis à Mohamed Merah de se déplacer sur les différents lieux de ses crimes, Abdelkader explique néanmoins qu'il savait que son frère "allait faire des conneries. (...) Des braquages de stations de service, des vols, des agressions".

Tous deux convaincus de la cause salafiste, les deux frères n'envisageaient pas l'action de la même façon. "Lui voulait bouger, trouver un filon rapidement, faire des coups en France ou à l'étranger, moi je suis pour respecter les étapes", a-t-il affirmé aux enquêteurs.

L'avocate d'Abdelkader Merah a indiqué au Monde qu'elle déposerait une demande de remise en liberté pour son client "dans les semaines à venir". Selon Me Anne-Sophie Laguens, Mohamed Merah n'a pas eu besoin "du soutien de son frère" lors de son endoctrinement.