Alors que Mohamed Merah a été inhumé jeudi à Toulouse, les autorités craignent que sa tombe devienne un lieu de pèlerinage pour les fanatiques ou, au contraire, soit profanée. Des craintes qui étaient les mêmes en 1995 après la mort de Khaled Kelkal, un terroriste du GIA tué dans une fusillade avec les gendarmes. Mais rien n'était venu troubler le cimetière de Rillieux-la-Pape, dans la banlieue de Lyon.
"Même si c'était un assassin, il avait le droit à sa sépulture"
En 1998, le corps de Khaled Kelkal a discrètement été transféré vers l'Algérie à la demande de sa famille et la tombe a disparu du carré musulman du cimetière. Mais pendant trois ans, la sépulture du jeune homme, originaire de Vaulx-en-Velin, n'a jamais posé problème. "J'ai été choqué par rapport à ce qu'il avait fait. Mais même si c'était un assassin, il avait le droit à sa sépulture", estime José Simon, dont les parents sont enterrés dans ce cimetière.
De 1995 à 1998, les autorités n'ont constaté aucune profanation, ni aucun pèlerinage. Les jeunes de Vaulx-en-Velin n'ont jamais pris Kelkal comme modèle, se souvient Maurice Charrier, le maire de Vaulx-en-Velin de l'époque. "Les jeunes ne se sont pas reconnus dans ses agissements. Il n'y a rien eu, aucune répercussion dans la vie de la commune", se rappelle-t-il.
"On ne voulait pas en faire un héros"
Même pendant les funérailles de Kelkal, le silence et la dignité s'étaient imposés, se souvient un participant. A la fin des obsèques, son père avait demandé à ce que tout le monde "reparte dans la dignité". Un sentiment que partage le père Christian Delorme, un prêtre très impliqué dans le dialogue avec les musulmans et acteur clef de l'organisation des funérailles de Kelkal : "on voulait respecter sa dignité d'homme mais qu'on n'en fasse pas un héros", se souvient-il.