Meurthe-et-Moselle : Valls s'engage

À Nancy, les inondations ont conduit les pompiers à mener plus de 650 interventions.
À Nancy, les inondations ont conduit les pompiers à mener plus de 650 interventions. © EUROPE 1
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avec Sébastien Ruffet et Matthieu Bock , modifié à
Après les violents orages, le ministre de l'Intérieur va faire reconnaître l'état de catastrophe naturelle.

La Meurthe-et-Moselle a été la cible dans la nuit de lundi à mardi de violents orages, provoquant de fortes inondations et d'importants dégâts matériels. Une femme a aussi été retrouvée morte mais les conditions de son décès restent à établir. Europe1.fr fait le point sur la situation.

Des pluies torrentielles. Entre cinq et six semaines de pluie en trois heures. C'est ce que vient de subir la ville de Nancy, dans la nuit de lundi à mardi. Les orages, décrits comme étant d'une très forte intensité, ont entraîné de fortes inondations de plus de deux mètres d'eau dans la capitale de Meurthe-et-Moselle. 86 mm d'eau sont tombés en trois heures, dont 49 mm en une heure et 15,7 mm en à peine six minutes. Selon le site Infoclimat.fr, un record absolu de précipitation a même été battu, et il faut remonter à 1953 pour trouver les traces d'un orage comparable dans la ville. "Je ne crois pas qu'il était possible de prévoir l'intensité de cet orage, qui était très localisé sur Nancy", a estimé le préfet de Meurthe-et-Moselle, Raphaël Bartolt. Une montée des eaux rapide a eu lieu "dès 23 heures", suivie de "deux grosses vagues de pluie, très fortes, très intenses", entre minuit et 1h30, a-t-il relaté.

A Essey-lès-Nancy, certaines avenues sont ensevelies sous 2 mètres d'eau, "avec un très fort courant qui empêche les pompiers de traverser", a précisé Magali Daverton. Dans le quartier de la Commanderie, plus d'un mètre d'eau a inondé les caves en quelques minutes, a expliqué une habitante qui a dû faire face "à un véritable torrent".

Une victime recensée. Une personne âgée a été retrouvée morte à son domicile par les pompiers mardi matin à Essey-lès-Nancy. "Nous ne connaissons pas encore son identité", ont indiqué les services de l'Etat. Le parquet de Nancy a d'ailleurs ouvert une enquête pour recherches des causes exactes de la mort. Selon la mairie, la victime est une octogénaire, qui a été surprise par une inondation dans sa cave. Toujours à Essey-lès-Nancy, une personne a été grièvement brûlée à la suite de l'explosion de sa voiture dans son garage, selon la préfecture.

Plus tôt dans la matinée, un camion de pompier et un bus urbain sont entrés en collision, blessant grièvement un pompier et légèrement deux passagers du bus. Le soldat du feu, qui est tombé dans le coma, a été transporté vers le centre hospitalier de Nancy. "Il est désormais conscient", a indiqué la préfecture, en précisant que son pronostic vital n'était pas engagé.

D'importants dégâts matériels. À Nancy, les inondations ont mobilisé près de 200 pompiers pour plus de 1.000 interventions, a indiqué la préfecture de Meurthe-et-Moselle. "Il n'y a pas de blessés, aucune personne dont la vie est en danger, mais beaucoup d'inondations. A Nancy, un sous-plafond est tombé sous le poids de l'eau, obligeant à reloger 15 personnes. D'autres groupes de personnes sont relogés au cas par cas", renseigne la directrice de cabinet du préfet de Meurthe-et-Moselle, Magali Daverton.

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Une piscine a été fermée en raison d'une hauteur d'eau de 80 centimètres alentour, a indiqué la Communauté urbaine du Grand Nancy, cité par Ouest-France. Un bus d'écoliers, qui se rendait à Saulxures-sur-Nancy, a par ailleurs renoncé à poursuivre son chemin. Ses passagers ont été accueillis au commissariat de police de Nancy. Au total, des dizaines d'évacuations ont été recensées dans les communes d'Essey-lès-Nancy et Saint-Max.

Plusieurs milliers de foyers ont été privés d'électricité durant la nuit. Environ 700 clients l'étaient toujours mardi après-midi, "essentiellement en centre-ville de Nancy" selon la préfecture. Certaines voies sont recouvertes de boues, et plusieurs routes départementales ont été fermées à la circulation.

Plusieurs établissements scolaires ont été fermés et les réseaux de transports en commun ont été fortement perturbés. Deux collèges et un lycée professionnel devaient restés fermés mercredi.

Vers l'état de catastrophe naturelle. Le maire de Nancy, André Rossinot, a dit qu'il demanderait à l'Etat la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle. En réponse, le ministre de l'Intérieur s'est engagé mardi à "faire en sorte que les procédures de reconnaissance de catastrophe naturelle soient mises en oeuvre le plus rapidement possible". "Tout doit être fait : je me porte garant pour que l'ensemble des procédures aillent le plus vite possible. Celle concernant la reconnaissance de catastrophe naturelle se fera sans doute, bien évidemment", a expliqué Manuel Valls. Il a rendu visite à des sinistrés des inondations à Essey-lès-Nancy.

Des habitants sous le choc. "Je n'ai pas dormi tant c'était violent. J'ai vu une voiture forcer le passage et atterrir dans le jardin du voisin, avant de flotter près de la maison. Il n'y a plus de courant depuis minuit. Je n'arrive pas à comprendre comment c'est possible, il n'y a même pas  même pas de rivière par ici", témoigne au micro d'Europe 1 un habitant d'Essey-lès-Nancy, petite commune du département. "On pensait ne voir ça qu'à la télé, au JT", n'en revient pas une Nancéienne.

"Je reviens d'un petit quartier là, c'est le désespoir. Il y a des gens qui ont tout perdu. Véhicules, maison, mobilier… Et commerce aussi : des gens ont été obligés de se mettre au chômage pour plusieurs jours, en attendant de tout nettoyer. La clinique marche encore mais on tend le dos pour que çà tienne un petit peu, et qu'EDF remette vite le courant", raconte Jean-Paul Monin, le maire d'Essey-lès-Nancy. "C'est un petit peu apocalyptique, il n'y a pas d'autres mots. On a eu une petite alerte voilà quelques années, mais là c'est cinq fois ce qu'on a jamais eu. Ça a été un mur d'eau qui a déferlé".

Interrogé par Europe 1, un commerçant qui a vu sa boutique ravagé craint d'être fermé "pendant un mois minimum". "Tout est foutu. Ça fait mal. Voir tous ses efforts réduits en une seule nuit", raconte-t-il.

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© SEBASTIEN RUFFET/EUROPE 1

Pas moins de 200 pompiers, répartis dans 80 véhicules, étaient sur le terrain à 2h30 du matin.

Déjà des orages lundi. Le département de Meurthe-et-Moselle connaît en fait sa deuxième nuit consécutive de violents orages. "Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie. J’ai cru que c’était la fin du monde. Les grêlons volaient, tapaient sur le toit de la maison. Avec mon fils, on s’est enfermé, tellement on a eu peur", racontait déjà lundi matin un habitant de Clérey-sur-Brenon, contacté par le Républicain Lorrain. Vers sept heures lundi, les précipitations avaient entrainé le déraillement d'un TER sur la ligne Contrexéville-Nancy, entre Pont-Saint-Vincent et Vézelise. Deux passagers, légèrement blessés, avaient été transportés vers le centre hospitalier de Nancy.

Par ailleurs, mardi soir, une alerte orange dans le Puy-de-Dôme était en cours. Météo France a émis cette vigilance en raison des risques de crues.