Meurtre de Valentin : Moitoiret est-il responsable ?

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avec Jean-Luc Boujon , modifié à
Le procès en appel de Stéphane Moitoiret et Noëlla Hégo, un couple de marginaux, s'est ouvert mardi.

L'INFO. En plein cœur de l'été 2008, ce meurtre barbare avait suscité une vive émotion. Le 29 juillet, Valentin, un petit garçon âgé de dix ans était sauvagement assassiné de 44 coups de couteau, alors qu'il faisait du vélo dans une rue de Lagnieu, dans l'Ain. Très vite, les soupçons se sont portés sur un couple de marginaux : Stéphane Moitoiret et Noëlla Hégo. Condamnés en 2011, ils sont rejugés en appel depuis mardi. Tout l'enjeu de ce procès est celui de savoir si Stéphane Moitoiret était lucide au moment où il a tué le petit garçon. Le verdict est attendu pour le 22 novembre.

Un couple de marginaux "illuminés". Le soir du drame, le couple était hébergé à la cure du village de Saint-Sorlin, près de Lagnieu.  Une trace de sang retrouvée lors d'une perquisition avait révélé, outre l'ADN de Moitoiret, celui de l'enfant, prélevé sur la scène de crime. La diffusion de leur portrait-robot avait permis d'interpeller les suspects le 3 août 2008 au Cheylard, en Ardèche. Se présentant comme des "pélerins australiens chargés d'une mission divine", le couple, souvent qualifié d'"illuminé", errait depuis 25 ans en France et en Italie.

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Perpétuité pour Moitoiret en première instance. Condamné fin 2011 à la perpétuité, Stéphane Moitoiret, aujourd'hui âgé de 44 ans, avait été reconnu coupable par la cour d'assises de l'Ain de l'assassinat de Valentin. Noëlla Hégo, sa compagne de 10 ans son aînée, avait écopé quant à elle de 18 ans de réclusion pour "complicité d'assassinat avec actes de barbarie". Muré dans le déni, ce couple de marginaux avait fait appel du verdict. Ils seront aussi rejugés pour la "tentative d'enlèvement" d'un autre Valentin, âgé lui de cinq ans, en août 2006 dans la Vienne, en qui ils voyaient "l'élu qui devait changer le monde".

>> Pour Chantal Potier, la mère de Séphane Moitoiret, son fils est malade. Elle se confie au micro d'Europe 1.

"Mon fils n'a pas choisi d'être schizophrène". "Je comprends tout à fait la peine de la famille de Valentin. Ce qui est arrivé est insupportable", déplore-t-elle au micro d'Europe 1. "Mais il faut aussi que l'on reconnaisse que mon fils n'a pas choisi d'être schizophrène. Il subit son état et l'on doit reconnaître l'irresponsabilité de mon fils au moment des faits. On doit reconnaitre qu'il était en état de délire à ce moment là. Ça coulait de source, ça se voyait. Ils souffrent ces gens-là.  C'est comme si quelque chose prenait le contrôle. Et en plus on ne va pas comprendre ce qu'il se passe. On les juge et on les  condamne comme des gens normaux. On ne tient pas compte des circonstances. La prison ce n'est pas une solution. Il faut les aider ces personnes là. La justice est là, pour aider des gens comme ça, pas pour les enfoncer.

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"La colère" et "la rage" de la mère de Valentin. La mère de Valentin, Véronique Crémault, confie quant à elle son dégout pour ce second procès.  "C'est la colère, c'est la rage.  Je suis dégoutée que cet appel ait lieu. De quel droit peut-on accorder un appel à des assassins qui ont été condamnés avec toutes les preuves ?", regrette-t-elle au micro d'Europe 1. "J'attends que Moitoiret, qui apparemment n'est plus sous traitement médicamenteux lourd, passe aux aveux et qu'il soit beaucoup plus loquace que lors du premier procès aux assises. Qu'il parle", espère-t-elle. "De toute façon, il sait très bien que toutes les preuves sont contre lui. Donc ce que je voudrais c'est qu'il me dise, à moi, en face, 'c'est moi qui ai tué votre petit garçon et je l'ai fait pour telle ou telle raison'", poursuit Véronique Crémault. "Je veux savoir, je veux avoir une réponse parce que je ne peux pas continuer à survivre sans avoir une réponse. Je vais le chercher (son regard), même s'il me fait mal. Je veux qu'il puisse sentir tout ce que j'ai en moi. Valentin, je ressens sa présence constamment du matin au soir. Il fait partie de moi, il est en moi, il est à travers moi", assure la mère endeuillée. "C'est la raison pour laquelle je continue de survivre. C'est pour qu'il soit fier de sa maman".

Un homme métamorphosé à l'audience. Mardi matin, Stéphane Moitoiret est apparu métamorphosé, d'abord physiquement. Le principal accusé a énormément grossi. Le visage a vieilli et ses yeux sont bouffis. Mais plus important, son attitude dans le box semble différente. Il y a deux ans, bourré de médicaments, Stéphane Moitoiret était resté amorphe durant tout son procès. Cette fois en revanche, l'homme est apparu beaucoup plus vif et réactif. L'accusé a ainsi décliné son identité avec une voie claire et intelligible. Selon ses avocats, son traitement médicamenteux a été diminué dernièrement. L'objectif pour ses défenseurs ? Laisser éclater sa schizophrénie et ses propos délirants... sa folie.

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