Le Syndicat de la magistrature (SM) organise sa contre-attaque. Sous le feu des projecteurs depuis la polémique du "mur des cons", ce panneau d’affichage découvert dans ses locaux recouvert de photos de diverses personnalités, notamment des hommes politiques de droite, le syndicat entend "mettre les choses au clair". Par voie de presse et au moyen d'une lettre au vitriole envoyée à la garde des Sceaux Christiane Taubira, ils appellent l’ensemble de la classe politique "à reprendre raison". On vous résume leur défense.
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La raison d'être du "mur des cons". Existant depuis longtemps, le "mur" s'est notamment droitisé sous l'ère Sarkozy, expliquent les magistrats. Érigé en défouloir, il n'avait pas vocation à être connu du grand public. "Ce mur a été, pour beaucoup, alimenté sous l’ère Sarkozy. Sous sa présidence, nous avons été stigmatisés, injuriés publiquement, des décisions de justice ont été remises en cause, des magistrats mutés ou convoqués en pleine nuit… Nous étions sous pression, et ce mur était un exutoire satirique confiné dans un espace privé", a expliqué samedi le secrétaire général du SM, Éric Bocciarelli, dans une interview au Parisien.
Pourquoi y trouve-t-on des pères de victimes ? "Ce mur s’attaquait aux idées, pas aux personnes. Ces deux hommes ont défendu des positions que nous combattons : l’un était favorable à la suppression du juge d’instruction, l’autre était membre de l’Institut pour la justice, une association qui milite pour davantage de répression", se défend la présidente Françoise Martres, également interrogée par Le Parisien, martelant que le syndicat ne les a pas affichés sur le mur "en leur qualité de victime" et que "l'amalgame" les a "beaucoup touchés".
Quid de leur impartialité ? Le syndicat assume être de gauche, au nom des "valeurs" telles que "humanisme, la défense des libertés publiques, l’égalité des droits devant la justice". Mais "on peut être un juge engagé et exercer son métier de façon impartiale", assure Françoise Martres. Et de poursuivre : "faut-il exiger que tous les juges révèlent leurs convictions politiques ? Un ex-député UMP, Jean-Paul Garraud, est aujourd’hui magistrat à la cour d’appel de Poitiers. Nous ne remettons pas en cause son impartialité. Qu’on ne remette pas en cause la nôtre." Le Syndicat de la magistrature accuse même Christiane Taubira de s'en prendre à la "liberté d'opinion des syndicalistes" en saisissant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM).
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"Est-il besoin de vous rappeler que 'l'obligation de réserve' ne s'applique qu'à l'expression publique des magistrats et qu'en tout état de cause, elle ne constitue ni une obligation au silence, ni une obligation de neutralité ?" demande ainsi Françoise Martres dans une lettre à la ministre de la Justice. Et de conclure, cinglante : "en raison de l'amalgame qui est fait entre expression privée et action syndicale, c'est bien l'expression publique syndicale et, par conséquent, le fait syndical dans la magistrature que vous remettez en question par votre saisine consternante du Conseil supérieur de la magistrature. Nous attendions plutôt de vous, Madame la ministre, que vous défendiez vous-même cette liberté syndicale".