Neuf nappes phréatiques sur dix à sec

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B.P. avec agences , modifié à
L'eau manque en surface et en profondeur mais les stocks peuvent être reconstitués.

Onze départements ont déjà adopté des mesures de restriction d'usage d'eau, selon le bulletin publié jeudi par le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM). Ces données témoignent d'une situation particulièrement préoccupante concernant la sécheresse, qu'elle soit de profondeur ou en surface. Signe de l'inquiétude ambiante, le premier Comité sécheresse de l'année s'est réuni jeudi au ministère de l'Agriculture pour faire le point sur la situation.

"Cette année encore a vu un gros déficit de précipitations, avec seulement 60% des normales tombées sur Paris entre septembre et avril, soit 230 mm au lieu de 370", analyse à Europe1.fr Olivier Proust, prévisionniste chez Météo France. "Il faut remonter à 1990 pour constater une année aussi sèche des sols superficiels", ajoute-t-il.

Les valeurs normales peuvent être rattrapées

En profondeur, le mal est identique. Près de 90% des nappes d'eau phréatiques affichent un niveau inférieur à la normale en France, en raison des faibles pluies tombées cet hiver, d'après le BRGM. Au 1er avril 2012, 89% des réservoirs d'eau affichaient un niveau inférieur à la normale, contre 58% l'année dernière à la même époque, selon le Bureau. Près de 40% des réservoirs ont vu leur niveau baisser depuis le mois de mars, un mois où seul la moitié des précipitations normales sont tombées. "C'est le déficit de pluies sur la période d'hiver qui fait que l'on a des niveaux relativement faibles en ce moment", a décrypté sur Europe 1 Philippe Vigouroux, hydrogéologue au BRMG.

carte secheresse

© Source Météo France, carte REUTERS

"Les stocks en eau sont de plus en plus bas", confirme Olivier Proust, qui ne cache son inquiétude face à des chiffres équivalents à un habituel début de mois de juin. "On est deux mois en avance par rapport aux conditions d'exploitation de nos nappes souterraines", s'inquiète Philippe Vigouroux.

Pas de raison cependant de s'alarmer si tôt, selon lui, pour cet été. "Il suffit d'un régime perturbé de quelques semaines et que le sol s'humidifie bien pour que l'on revienne à des valeurs normales", précise-t-il. Philippe Vigouroux compte lui aussi sur les pluies de printemps, qui peuvent "améliorer la situation".

Bonnes prévisions

Et ça tombe bien, les prévisions pour les prochains jours sont "bonnes", c'est-à-dire pluvieuses, avec un "temps perturbé, frais, propice à bien humidifier les sols". Les spécialistes vont particulièrement scruter la pluviométrie des prochaines semaines, déterminante pour le reste de l'année, d'après le ministère de l'Ecologie.

La France avait connu en 2011 son printemps le plus chaud depuis 1900 et le plus sec depuis 50 ans, obligeant les autorités à accorder aux agriculteurs plusieurs centaines de millions d'euros d'aides.