Neuilly : la riche veuve a-t-elle été "suicidée" ?

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AUX ASSISES - Deux hommes accusés d'avoir maquillé l'assassinat de cette femme, pour son héritage, en 2005, sont jugés depuis mardi.

DILEMME. Le suicide était-il en fait un assassinat ? Deux hommes soupçonnés d'avoir "suicidé" une riche veuve sur sa péniche de Neuilly, il y a plus de huit ans, sont jugés depuis mardi devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine. Une affaire "complexe et digne des meilleurs polars", selon un enquêteur, et que les jurés devront trancher. Première hypothèse : la veuve, dévastée par la mort de son mari, a mis fin à ses jours. Seconde hypothèse : elle a été supprimée pour son héritage mirobolant. Mardi, Franck Renard Payen, 42 ans, et Olivier Eustache, 44 ans, tirés à quatre épingles, ont ainsi pris place sur le banc des accusés.

Pendue à un escalier avec une corde de marin. Le 1er décembre 2005, Dominique Aubry, 57 ans, veuve d'un marchand d'art de renom, est retrouvée pendue dans sa péniche de prestige, amarrée le long du boulevard Koenig à Neuilly-sur-Seine. Son corps pend à une corde de marin de couleur bleue, fixée à l'escalier en colimaçon de l'habitation, rapporte le Parisien. C'est un ami, un certain Franck Renard-Payen qui fait la découverte. C'est aussi l'une des dernières personnes à avoir vu Dominique Aubry vivante : la veille, ils avaient tous deux dîné sur la péniche avec un autre ami, du nom d'Olivier Eustache. Ce soir-là,  la veuve boit beaucoup. Les deux hommes la quittent vers 21h30. Elle est retrouvée morte le lendemain.

Légataire universel d'un héritage de 14 millions. Franck Renard-Payen n'est pas n'importe qui. L'homme est d'abord un proche du couple Aubry pendant de longues années. A la mort du marchand d'art, sa présence auprès de la veuve se fait plus tenue. Et, deux mois avant sa mort, Dominique Aubry l'avait désigné comme le légataire universel de sa fortune, alors estimée à 14 millions d'euros. L'homme était également le bénéficiaire d'une assurance-vie contractée par la veuve six mois auparavant. Montant : 900.000 euros.

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Une troublante empreinte génétique. La justice a longuement hésité dans ce dossier. Un an après la mort de Dominique Aubry, le parquet de Nanterre avait conclu au suicide et le dossier avait été classé. Une plainte de la famille avec constitution de partie civile, avait ensuite relancé les investigations. Pour l'accusation, la défunte, qui avait également pris des médicaments, "n'était pas dans la capacité" de mettre fin à ses jours. Pour la défense, l'envie de mourir était une obsession chez Dominique Aubry depuis la mort de son mari. Elément troublant cependant : l'emprinte génétique d'Olivier Eustache a été isolée sur la corde à laquelle la veuve a été retrouvée pendue. La propre emprunte de la victime n'apparait quant à elle uniquement sur le nœud coulant, selon le Parisien.

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Le "témoignage" peu concluant du chien de la victime. Fait rarissime dans les annales judiciaires, le juge d'instruction avait demandé la venue en 2008 du chien de Dominique Aubry, seul témoin au moment du décès, lors d'une reconstitution. Le but ? Analyser le comportement de l'animal face aux deux hommes, depuis mis en examen dans ce dossier.  Le "témoignage" du Dalmatien ne fut pas concluant : une ordonnance de non-lieu est rendue en 2011. Mais le parquet avait fait appel et, en 2012, la chambre de l'instruction avait décidé de renvoyer les deux hommes devant les assises.

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Me Dupont-Moretti offensif d'entrée. L'épisode du chien a été évoqué dès la première journée du procès mardi, par l'avocat d'Olivier Eustache, le ténor Eric Dupond-Moretti, dans son style caractéristique. "J'ai envisagé de faire citer ce chien,  mais il n'est pas en grande forme", a ironisé l'avocat, estimant cette "histoire de chien aberrante". Celui que l'on surnomme "acquittator" a commencé à batailler dès l'ouverture des débats, en demandant à la cour de convoquer l'un des premiers enquêteurs du dossier qui avait rédigé un rapport concluant au suicide. "C'est suffisamment rare que des policiers assurent qu'il n'y a pas eu crime. Nous ne pouvons pas faire l'économie de ce témoin", a-t-il insisté.

"C'est très long", confie un accusé. "J'ai repris confiance avec l'ordonnance de non-lieu, mais elle a été cassée et tout est à refaire. Il va falloir se battre jusqu'au bout. C'est très long", a confié Olivier Eustache lors d'une suspension de séance. La personnalité de Franck Renard Payen devait quant à elle être passée à la loupe dans l'après-midi. Leur procès doit se tenir jusqu'au 21 mars, avec entre autre un déplacement sur les lieux du drame.

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