Dans quelles circonstances ont péri les otages français enlevés début janvier au Niger ? La justice française a décidé de se pencher sur la question, le parquet de Paris ayant ouvert mercredi une information judiciaire contre X pour enlèvement et séquestration suivis de la mort commis en bande organisée.
Le tout en relation avec une entreprise terroriste, d’où la désignation de trois juges d'instruction du pôle antiterroriste, Yves Jannier, Nathalie Poux et Christophe Teissier, pour instruire ce dossier.
La justice espère ainsi lever le voile sur la mort de Vincent Delory et Antoine de Léocour : ont-ils été exécutés par les preneurs d’otages, comme l’avait assuré le Premier ministre François Fillon, ou ont-ils péri lors de l’assaut des forces françaises sur le convoi des ravisseurs ?
Al-Qaïda au Maghreb islamique cible les Français
Vincent Delory et Antoine de Léocour avaient été enlevés le 7 janvier au soir à Niamey, la capitale du Niger, dans un restaurant fréquenté par des expatriés. A peine entrés dans les lieux, les ravisseurs, membres d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), avaient explicitement déclaré rechercher des Français.
Aqmi a en effet désigné la France comme une cible prioritaire, en réponse aux opérations antiterroristes franco-américaines menées dans la région du Sahel en concertation avec les pays limitrophes.
A peine enlevés, les Français sont embarqués dans un convoi de véhicules qui prend la direction du Mali. Après un premier accrochage avec les forces nigériennes, les ravisseurs réussissent à prendre la fuite.
L'armée française décide d'intervenir
Mais les terroristes sont rapidement localisés par les forces françaises, confrontées à un dilemme : faut-il prendre d’assaut le convoi, au risque de blesser les otages, ou le laisser rejoindre une base arrière d’Aqmi, avec à la clé des menaces d’exécution et une incertaine négociation ?
L’armée décide de passer à l’action, des commandos français se positionnant sur le trajet des kidnappeurs. Les troupes au sol, appuyées par des aériennes, ouvrent alors le feu. Plusieurs preneurs d’otages sont tués, deux militaires français blessés. Antoine de Léocour et Vincent Deloryv sont retrouvés morts.
Débat sur les circonstances de la mort
Commence alors une bataille de communication : le gouvernement français assure que les otages ont été exécutés, Al-Qaïda avance qu’ils ont été victimes des balles françaises. La justice va tenter de mettre fin au doute, une volonté saluée par la famille d’un des otages.
"Nous sommes satisfaits que ça avance. On attend la suite avec impatience pour savoir vraiment ce qui s'est passé là-bas et pour que les expertises complémentaires demandées par notre avocat soient enfin réalisées", a réagi Annabelle Delory, la sœur d’un des otages, avant d’ajouter : "On espère qu'on aura la vérité, on a payé assez cher dans cette histoire".