La consommation de sel reste trop élevée en France. Selon un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), en partenariat avec l'Institut national de la consommation (INC), les Français consomment à l'heure actuelle environ dix grammes de sel par jour et les femmes environ huit.
Un niveau inquiétant, quand l'Organisation mondiale de la Santé recommande une consommation maximale de cinq grammes par jour. L'abus de sel peut en effet causer de nombreuses maladies : hypertension, maladies cardiovasculaires, cancer de l'estomac, ostéoporose, problèmes de croissance chez les plus jeunes…
Gardez votre salière !
Pour manger moins de sel, il n'est pourtant pas nécessaire de jeter la salière par la fenêtre. En effet, selon l'Anses, celle-ci ne représente qu'un à deux grammes de notre consommation quotidienne, le reste provenant en fait des aliments transformés que nous mangeons.
Le professeur Irène Margaritis, chef de l'unité nutrition à l'Anses, explique au micro d'Europe 1 : "huit groupes d'aliments représentent à eux seuls 75 % de nos apports en sel". Pour arriver à cette conclusion, ce sont pas moins de 300 produits qui ont été analysés dans les laboratoires de l'agence.
La conclusion, c'est que les pizzas, les quiches, les plats cuisinés, les soupes, la charcuterie ou encore le fromage contribuent beaucoup à notre surconsommation. "Les produits transformés font l'objet d'ajout en sel, et c'est cet ajout qui pose problème. Le sel qui est disponible dans les aliments bruts permettrait de répondre à nos besoins en sel sans qu'il y ait besoin d'ajout", explique encore Irène Margaritis.
L'autre moyen de lever le pied, c'est de faire attention au petit déjeuner. A en croire l'Anses, pain, viennoiseries et céréales (particulièrement au chocolat) ne sont pas non plus étrangers à la surconsommation. "Certains aliments très sucrés sont également très salés, c'est le cas des viennoiseries et de certaines céréales de petit déjeuner", explique le professeur. C'est le cas de certains pétales de blé au chocolat, dont la concentration en sel a même augmenté ! Pour le pain, en revanche, le bilan est plus mitigé, puisque d'une baguette à l'autre, d'un boulanger à l'autre, l'utilisation de sel peut varier énormément.
Des efforts supplémentaires pour les industriels
Les industriels, en revanche, semblent réticents à l'idée d'enlever le sel de leur production. Depuis 2003, la teneur en sel des aliments transformés que nous consommons tous les jours n'a que peu diminué : entre 4 et 10 % selon les estimations de l'Anses. Bien loin des objectifs de l'agence, qui souhaite une baisse de 20 % 2015, ce qui ramènerait la consommation à sept à huit grammes par jour, au lieu des dix actuels.
"Dès lors qu'il y a une évolution, les résultats sont encourageants, mais ils restent très insuffisants", note Irène Margaritis. Dans son rapport, elle estime d'ailleurs que "des actions complémentaires, le cas échéant réglementaires, devraient être menées afin d'augmenter à la fois le nombre de produits concernés (par les réductions de teneurs en sel, ndlr) et le niveau de réduction des teneurs en sel des aliments transformés".