Transdev a repris mercredi le contrôle de la gouvernance de la SNCM, provoquant la colère des syndicats qui dénoncent l'attitude de l'Etat actionnaire et craignent pour l'avenir de la compagnie maritime en grande difficulté. Une centaine de salariés de la Société nationale Corse-Méditerranée ont bruyamment accueilli à leur arrivée à la réunion les membres du conseil de surveillance, dont la sortie a dû être protégée par un important contingent de CRS.
Menace de grève. Les syndicats avaient annoncé qu'ils seraient particulièrement vigilants sur l'attitude des représentants de l'Etat dont l'abstention, le 12 mai, avait provoqué le départ de l'ancienne direction et, par ricochet, fait peser une grande menace sur le plan de restructuration dont elle était porteuse.
A l'arrivée, leur déception est grande et ils estiment que l'avenir de la compagnie, qui doit rembourser 440 millions d'euros d'aides d'Etat jugées illégales par l'Union européenne, est désormais gravement compromis.
"L'Etat confirme l'abandon du plan industriel et donne totalement la main à Transdev", a dit Pierre Maupoint de Vandeul, délégué CFE-CGC des officiers, qui estime que "François Hollande va devoir assumer l'incompétence notoire de ses deux gouvernements".
Nouveau président. Principal cause de leur colère : le conseil de surveillance a officialisé mercredi la nomination d'Olivier Diehl à la succession de Marc Dufour. Les trois représentants de l'Etat, qui détient 25% de la SNCM ont joint leurs voix à celles des représentants de Transdev, co-entreprise entre la Caisse des dépôts et Veolia, actionnaire à 66%.
"Nous lui avons confié la mission de rencontrer l'ensemble des partenaires pour assurer une saison d'été qui est primordiale pour la SNCM et de trouver les voies pour assurer l'avenir de l'entreprise et de ses activités", a déclaré le président de Transdev, Jean-Marc Janaillac.
La crainte de la suppression du plan de restructuration. Le problème, c’est que Transdev et Veolia, qui souhaite se désengager, ont dit ne pas vouloir mettre en oeuvre le plan de restructuration signé en 2013 après l'avoir pourtant approuvé. Ce dernier prévoit l'achat de quatre nouveaux navires et la suppression de 500 emplois sur 2.600 et est surtout censé pérenniser l’activité de l’entreprise.
La menace d'une grève qui paralyserait le trafic avec la Corse, à l'orée de la saison estivale, a été brandie pour le 24 juin, jour de la tenue d'une assemblée générale qui doit porter l'actuel secrétaire général de Transdev, Jérôme Nanty, à la présidence du conseil de surveillance de la SNCM.
Il devrait remplacer à ce poste Gérard Couturier, qui s'est opposé à l'actionnaire privé en se prononçant ouvertement pour l'application du plan de redressement.
TRANSPORT - SNCM : Transdev veut Olivier Diehl à la présidence
LE SCENARIO DU PIRE - La crise couve à la SNCM