Quelques heures après l’annonce de l’Allemagne de fermer toutes ses centrales nucléaires d’ici 2022, les réactions se font nombreuses en France. Les écologistes se disent ravis de cette nouvelle et demandent à ce que la France suive l’exemple outre-Rhin. Pour d’autres, cette décision risque de poser des problèmes de compétitivité.
"Pas une surprise". Pour l’écologiste Daniel Cohn-Bendit, la décision de l’Allemagne "était une chose annoncée et évidente". "Il n’y a aucune surprise", a déclaré le député européen. Même si, a-t-il expliqué, "après Fukushima, il y a eu une réflexion du gouvernement allemand sur le nucléaire qui n’était pas soutenable. Il y a eu tout un processus de réflexion qui a permis la décision du gouvernement allemand".
Daniel Cohn-Bendit se dit "absolument persuadé que la réflexion sur le nucléaire en France est sous-développée" et réclame, "dans les semaines et mois à venir, un grand débat sur le nucléaire en France". "Une société moderne doit sortir du nucléaire", a-t-il insisté sur Europe 1.
"C’est tout à fait possible" en France. Sur Europe 1, Cécile Duflot, a dit souhaiter que le même choix soit fait en France. "Evidemment que ça nécessite plus d’efforts, mais c’est tout à fait possible. On est tellement en retard pour les énergies renouvelables en France, qu’on a une marge de progression considérable", a expliqué la secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts.
"Il faut sortir de cette intoxication mentale" :
Pour "une sortie du tout nucléaire et du pétrole". Même son de cloche au Parti socialiste. Par la voix de son porte-parole, Benoît Hamon, le PS a plaidé pour un "arbitrage démocratique" proposé aux Français. Le porte-parole du parti a assuré que "les Français doivent pouvoir dire dans quelle voie il faut s'engager". Et il a annoncé que "le PS s'engagera dans une voie qui est celle de la sortie du tout nucléaire et du pétrole".
"Le solaire", la solution de demain. Harlem Désir, numéro 2 du Parti socialiste, a affirmé que, "nous aussi, nous devons nous préparer à la sortie progressive du nucléaire". Car, a-t-il ajouté, "on a été très bon dans le nucléaire, ça a joué un rôle à un moment. Demain, il faut qu'on soit pionnier dans le solaire, dans la géothermie, dans les éoliennes".
Un avis tranché que ne partage pas entièrement toutefois Jérôme Cahuzac, le président socialiste de la commission des Finances à l'Assemblée. Pour lui, "la convergence en la matière avec l'Allemagne n'est pas indispensable. Nous avons une politique énergétique qui a été décidée il y a plusieurs dizaines d'années, tous les gouvernements successifs ont souscrit à cette politique énergétique, je pense qu'il en sera de même à l'avenir même si je crois nécessaire le développement des énergies renouvelables et alternatives".
"Totalement défavorable" à l'arrêt du nucléaire en France. L'avis de Jean-François Copé est extrêmement tranché. Le secrétaire général de l'UMP est "totalement défavorable. La situation de la France et de l'Allemagne vis-à-vis de l'indépendance énergétique n'est pas la même sur le nucléaire. 85% de notre énergie est produite par le nucléaire. (...) C'est aujourd'hui un élément majeur de la puissance industrielle de la France".
"Une décision tout à fait majeure". Pour la présidente du Medef, le choix de l'Allemagne de sortir du nucléaire "est une décision tout à fait majeure, importante pour l'Allemagne mais aussi pour l'Europe entière". Mais Laurence Parisot juge qu’elle risque de poser un "problème de compétitivité" pour l'Union européenne à terme.
"Est-ce que l'Allemagne fait ce choix tout en sachant qu'elle va continuer à importer du nucléaire de France ? C'est ce qu'on appelle la théorie du passager clandestin. Est-ce qu'il y a au contraire derrière cela un plan gigantesque d'innovation technologique ?", s'est-elle interrogée. Pour autant, la patronne du Medef, qui a anticipé une hausse du coût de l'électricité en Allemagne, a estimé que cette décision pouvait constituer "une chance" pour les entreprises industrielles françaises par rapport à leurs concurrentes allemandes.
"Une immense chance pour l'Allemagne". Le député écologiste, François de Rugy, estime que cette décision est une "immense chance pour l'Allemagne, qui est aujourd'hui la première puissance économique mondiale". Il a également jugé que c'est "une perspective intéressante pour la France".
Un choix "totalement politique". Anne Lauvergeon, la présidente du groupe nucléaire Areva, a jugé que "c'est une décision totalement politique. Il n'y a pas eu de référendum, ni d'appel à ce que pensait l'opinion publique, même si les sondages montrent l'émotion des Allemands". Et d’ajouter qu’elle s’attend à "une réaction allemande spécifique".
Quant au caractère "irréversible" de cette mesure, Anne Lauvergeon a fait valoir que "d'ici 2022, il peut se passer beaucoup de choses".