Une salade de maïs OGM, suivie d’une côte de bœuf clonée accompagnée d'une purée de pommes de terre OGM, et en dessert un gâteau au yaourt cloné : voilà le menu qui pourrait bientôt nous être proposé en Europe. Ces mixtures d’"apprentis sorciers", qualifiées ainsi par les écologistes, sont défendues en partie par la Commission européenne. Europe1.fr fait le point.
Une salade de maïs OGM. La dégustation de ces grains transgéniques pourraient bientôt commencer. Car l’importation de six "nouveaux produits" au sein de l’Union européenne a été autorisée fin juillet. La Commission européenne a pris cette décision les Etats membres de l’UE n’ayant pas réussi à s’entendre sur le sujet.
Les nouveaux maïs OGM autorisés sont destinés surtout à l'alimentation animale, mais également humaine. Les autorisations sont valables dix ans.
En France, les cultures génétiquement modifiées ont été interrompues en 2008. Pour autant, à la mi-juillet, le ministère de l'Agriculture a inscrit un maïs OGM au catalogue officiel des semences. Cette autorisation ne concerne "que la commercialisation du maïs T25 de Bayer et non sa mise en culture", a-t-il toutefois assuré. "Il n'y a aucune intention de vendre le T25 en Europe", a assuré de son côté François Thiboust, directeur des Affaires publiques de Bayer Cropscience, la branche agro-industrielle de Bayer.
Une côte de bœuf clonée. C’est ce que vous auriez pu trouver dans votre assiette l’an dernier au Royaume-Uni. De la viande de la progéniture d'une vache clonée est effectivement entrée dans la chaîne alimentaire du pays sans autorisation des autorités.
L'agence britannique de sécurité alimentaire (FSA) a précisé n'avoir jamais donné de permission ni en avoir reçu la demande. De son côté, l'organisme représentant l'industrie laitière britannique, Dairy UK, a affirmé que "le lait et la viande de la progéniture de clones ne présentent pas de risque alimentaire".
Selon la législation européenne, la vente de viande et de produits générés à partir de clones et de leur progéniture nécessite une autorisation spécifique de mise sur le marché. Le Commissaire à la Santé John Dalli a promis des propositions de réglementation pour la viande clonée d’ici la fin 2010.
Une purée de pommes de terre transgénique. Si les patates OGM ne sont pas encore dans nos assiettes, ça ne saurait tarder. La Commission européenne a donné son accord en mars dernier, pour la première fois depuis 12 ans, à la culture d’une pomme de terre OGM.
Son nom ? L’Amflora. Ce tubercule génétiquement modifié et conçu par la firme BASF est destiné à l'usage industriel pour son amidon et à l'alimentation animale. Le Parlement européen a réclamé un étiquetage spécial pour les aliments issus d'animaux nourris aux OGM.
La Suède, les Pays-Bas, la République Tchèque et l'Allemagne sont des pays qui s’étaient dits "déjà prêts à l'utiliser", selon BASF. Pour sa part, la France, encore prudente sur le sujet, a saisi le Haut Conseil de Biotechnologies, organisme chargé notamment "d'éclairer le gouvernement sur toutes questions intéressant les organismes génétiquement modifiés ou toute autre biotechnologie".
Un gâteau au yaourt cloné. Certains en ont peut-être déjà goûté au Royaume-Uni… Un éleveur britannique a expliqué dans le quotidienInternational Herald Tribune mélanger chaque jour du lait produit par une vache née d'un clone, avec le lait du reste de son troupeau, et le vendre. Une pratique pourtant interdite par l'Union européenne.
"Depuis 2007, l'interprétation par la FSA de la législation est que la viande et les produits générés à partir de clones et de leur progéniture sont considérés comme des aliments nouveaux et qu'ils ont par conséquent besoin d'une autorisation de mise sur le marché", a expliqué l’autorité sanitaire.
Pour Peter Stevenson, de l'organisation caritative Compassion dans l'agriculture mondiale, la FSA "doit agir rapidement pour identifier ce lait et le retirer du commerce. Le clonage des animaux de ferme peut entraîner beaucoup de souffrances". Mais il se veut rassurant : "l'autorité européenne de sécurité des aliments a conclu qu'il n'y avait pas de différence en matière de sécurité des aliments entre de la viande et du lait d'animaux nés de clones et les produits issus d'animaux élevés de manière conventionnelle". Rassurant ?